Journal de Bord
Amende : 1
Avions manquant de s’écraser : 2
Canettes de coca : 5 par personne au minimum
Films vus : 8
Heures dormies : moins de 14h
Jours de présence : 3
Kilomètres parcourus : 50 km pile poil
Litres d’eau reçus sur la tête : beaucoup trop (un des imperméables n’aura pas survécu pour vous dire. Paix à son âme.)
Pizzas : 3
Jour 1 : Vendredi soir / Samedi 1er septembre
Après l’excitation de notre première fois à la Mostra de Venise, nous déchantons rapidement quand notre avion doit atterrir à Milan à cause des orages sur Venise. Après maintes péripéties, entre un bus qui n’arrive pas et autres froids milanais, nous arrivons enfin à Venise, 8h après notre supposée arrivée. Fatiguées, errantes, dans les rues magnifiques, nous arrivons à notre chambre à 6h du matin. Le soleil pointe le bout de son nez pour nous réchauffer et nous souhaiter la bienvenue. Une belle récompense pour nos galères. Quand nous remarquons notre chambre sans volet et avec un fin rideau qui ne cache pas la lumière, nous déchantons à nouveau. Vaille que vaille nous voilà au lit pour prendre un peu de repos pour nous lancer dans la découverte de Venise et aller chercher notre accréditation.
À 11h, nous revoilà dans les rues, heureuses qu’il ne pleuve plus. Notre but : arriver avant 13h30 pour récupérer notre accréditation sur l’île du Lido. Mais là rapidement, la pluie nous rattrape. Mince, nous pensions l’avoir semée. Maudites, donc, nous courons, zigzaguons entre les touristes pour nous rendre Place Saint-Marc pour prendre notre vaporetto qui file droit au Palais du Cinéma. Une fois sur place, la pluie s’arrête – c’est un peu ça la magie du cinéma – et nous pouvons tranquillement filer retirer nos accréditations. Nous voilà les fières détentrices de nos premières accréditations Presse. La classe ne s’invente pas.
Notre première séance de la journée est à 15h15 pour le film Amanda de Mikhaël Hers en Compétition Orizzonti. Nous avons donc du temps pour visiter et découvrir l’île du Lido. Après avoir mangé une délicieuse pizza, dans notre nouveau lieu préféré, et bu un grand coca et séché au soleil sur la plage, nous voilà fin prêtes pour notre première file d’attente pour entrer dans la plus grande salle du festival : la Pala Biennale, salle pour le grand public, un peu à l’écart.
Pour en savoir plus sur les films que nous avons vus, retrouvez notre article “Les Films de la Mostra”.
À 17h30, pas de pause, nous enchaînons sur notre deuxième film : Doubles vies d’Olivier Assayas, en Compétition Officielle. En sortant, mortes de faim, sans comprendre pourquoi, nous avons la mauvaise surprise de découvrir que la prochaine séance sélectionnée est uniquement pour le public avec un ticket. En regardant le programme de plus près, il est effectivement noté seulement : public. Ah, désespoir. Mais tant pis, nous trouvons rapidement une autre séance, cette fois salle Volpi. Là encore, ce fut un échec. Finalement, tant mieux nous irons nous coucher plus tôt. Après des millions de litres de pluie qui atterrissent sur nos têtes nous voilà dans le vaporetto pour la place Saint-Marc. Nous filons nous mettre à l’abri dans un restaurant à côté des quais pour manger une ridicule portion de pâtes. Et hop nous revoilà dans un vaporetto direction la maison. Fatiguées, mouillées mais heureuse d’avoir survécues à cette première journée. Mais ça, c’était avant. Avant l’amende que nous avons failli avoir parce que nous n’avions pas les bons tickets – la Mostra nous fournit l’accès à certains vaporetti. Il nous reste encore une réclamation à faire. Donc nous arrivons trempées et lessivées après ce premier jour. Nous commençons à sécher nos chaussures dans l’espoir que nos 5h30 de sommeil finiront de les sécher. Alors Venise, ce premier jour ? Pluvieux. Terriblement pluvieux.
Et la Biennale ? Promis, on en profite plus demain.
Jour 2 : Dimanche 2 septembre
5h45, la violence du réveil nous sort de notre torpeur. Nous buvons un verre de citron et nous revoilà dans les rues de Venise. Nos chaussures sont chaudes et humides – grâce au sèche-cheveux. La première séance est à 8h dans la salle Pala Biennale, que nous commençons à bien connaître. Nous mettons en moyenne 1h30 pour aller au Lido – plus jamais un logement si loin, plus jamais.
Un vaporetto puis un autre – que nous avons failli ne pas avoir, car il n’y en avait qu’un à 7h15, le suivant seulement à 8h30 et nous étions nombreux à le vouloir – nous amènent sur le lieu du festival. Maintenant la journée marathon commence. Armées d’encas, de chaussettes en double, de nos crayons et carnets nous commençons à 8h une double séance : pas besoin de sortir de la salle, les deux films de la Compétition Officielle s’enchaînent. Il s’agit de Frères ennemis, notre troisième film français et Suspiria, le remake du film de Dario Argento. Épuisées de cette séance, mais satisfaites, nous allons prendre, juste à côté, dans notre pizzeria favorite une pizza aux légumes – pour se donner l’illusion de ne pas manger que du gras. Installées à l’ombre dans le sable – une des critiques n’aimant pas le soleil – nous dégustons ce mets avec un coca bien froid – non, nous ne sommes pas sponsorisées, d’ailleurs : l’abus de coca-cola est dangereux pour la santé. Il nous reste 1h30 avant la prochaine séance et nous décidons d’explorer les lieux et l’Île.
À 16h45, nous attendons pour aller voir Charlie says en compétition Orizzonti, dans la Sala Darsena. Notre première fois dans cette immense et très belle salle, sans doute la plus belle du festival. Nous rentrons tranquillement, et c’est notre première séance avec équipe. Dommage nous sommes un peu loin. Le film se lance. En plein milieu de la séance, les projecteurs pointent l’équipe. Un bug ? Ou juste pour nous rappeler qu’ils sont là ? À la fin, il y aura un petit débat, mais malheureusement une autre séance nous attend dès la fin du générique. Nous ne pouvons pas rester : le nouveau long-métrage de László Nemes, Sunset se joue. Nous nous mettons donc dans la file d’attente. C’est notre première séance Presse/Industrie. C’est là que nous remarquons que notre badge media press n’est pas si important que cela. Mais ce n’est pas grave nous rentrons et retrouvons les mêmes places que pour la séance précédente. Ce fut, l’une des séances les plus désagréables du festival. Un journaliste à côté de nous, regardait en permanence son portable, luminosité à fond et est finalement parti avant la fin, deux autres commentaient le film parfois à voix haute en langue germanique – des Allemands ? Nous avons rarement vu autant d’impolitesse en une seule séance. Mais vaille que vaille, nous avons tenu les 2h24 de ce très beau film.
Il est 22h quand nous sortons, nous avions prévu de voir le dernier film d’Emir Kusturica. Aujourd’hui, bien au chaud dans nos appartements nous regrettons un peu ce choix, mais finalement il fut le plus judicieux. Nous rentrons, prenons le bon vaporetto qui nous amène à 5 min de chez nous. Sur le chemin nous prenons quelques petits beignets fourrés au fromage. Il est minuit, demain nous nous levons à 6h. Bonne nuit.
Jour 3 : Lundi 3 septembre
6h, jamais nous n’avons mis autant de temps avant d’entendre le réveil. Debout, nous finissons nos sacs et direction la bagagerie pour nous en débarrasser. Nous mangeons notre frugal petit déjeuner et c’est reparti pour les rues de Venise. À 7h45 nous revoilà sur les berges du Lido. Nous marchons tranquillement en direction de la Pala Biennale qui reste définitivement notre salle. Pour notre première séance : il s’agit de La Quietud de Pablo Trapero, en Hors Compétition. Nous avons enfin trouvé notre place pendant cette dernière séance ici. Au fond, tout là-bas, là où naissent les gradins. La perfection !
Notre dernier film est At eternity’s gate de Julian Schnabel, également en Compétition Officielle. C’est notre première fois dans la Sala Grande du Palais du Festival. Quelle déception quand nous y entrons. La salle commence à dater avec ses sièges gris beige et son sol marron. Vive les années 60…
Le soleil nous accueille et nous éblouit en sortie de salle, c’est agréable. Après avoir pris notre dernière pizza, où nous nous promettons de revenir l’année prochaine.
Nous filons sur l’île de la VR. Enfin, c’est plutôt un énorme bâtiment qui flotte sur l’eau. Entre les murs, un petit coin de verdure où nous dévorons notre pizza. Nous sommes sur liste d’attente pour certaines installations VR, le site pour réserver n’étant pas très clair (c’est un euphémisme). De plus, il ne nous reste plus beaucoup de temps : nous voulons faire un petit tour de Venise que nous n’avons toujours pas eu le temps de visiter. Après trente minutes de films et un bon mal de tête, nous avons découvert la VR. Un dernier petit film de 6 min sur le making of de l’Ile aux chiens et nous voilà fin prêtes pour Venise. Petite précision : le retour a été aussi chaotique que l’aller… À la descente, nous avons pu admirer une superbe fumée noirâtre (et inquiétante) s’élever du réacteur (sous l’aile gauche, pour être exactes). Hmm ça sent bon le kérosène Vu*ling. Conclusion : nous avons survécu. Survivors we are !
Alors La Biennale de Venise c’est quoi ? C’est une grande sélection de films français, beaucoup d’eau, un décor idyllique, des pizzas et des pâtes, ainsi que des tartes au chocolat, et surtout… énormément de coca-cola. Mais c’est avant tout un festival à taille humaine, sans réelle prise de tête. Où l’on peut se permettre de ne pas attendre 1h30 devant une salle. Où l’on croise la moustache de Vincent Macaigne au détour d’un café. Où de sympathiques courts métrages d’archives humoristiques sur les métiers du cinéma nous accueillent en début de séance. Où une musique rythme le tapis rouge vide en permanence pour les spectateurs vagabonds. 3 jours c’était beaucoup trop court pour réellement comprendre ce beau festival. Mais nous avons retenu ce qu’il ne faut surtout pas faire. Notre plus grande déception est de n’avoir pu voir que 8 films, car cela ne suffit pas à prendre la température d’un festival (et de ses compétitions) et surtout pas l’un des plus connus. Promis, l’année prochaine on vous ramène plein de souvenirs et de coups de coeur.
Vos chères et dévouées envoyées spéciales,