Même si nous avons été moins présentes durant cette année 2023, cela ne veut pas dire que nous n’avons pas écumé les salles obscures à la recherche de pépites cinématographiques. Nous vous proposons ainsi, pour célébrer cette entrée dans l’année 2024, nos découvertes qui nous ont marquées en 2023.
Marine Moutot
Anatomie d’une chute de Justine Triet
Palme d’or au festival de Cannes, un film aura rarement autant épousé son récit. Chaque plan, chaque mouvement, chaque flou, nous place dans la situation de son héroïne – interprétée magistralement par la grande Sandra Hüller, dont le prochain film, La Zone d’intérêt, est à voir fin janvier. La cinéaste française, dont Victoria reste un de mes long métrages favoris, parvient une nouvelle fois à montrer des femmes tout en nuance et en humanité. Douloureux et complexe, Anatomie d’une chute est une œuvre cinématographique entière.
The Fabelmans de Steven Spielberg
Encore, encore. Une fois les lumières rallumées j’en voulais encore. De retourner dans ce récit dédié au cinéma et à l’amour des parents – malgré leur défaut et qualité. Profondément humain et aimant, il s’agit bien plus d’une déclaration d’amour au cinéma. Steven Spielberg, dont je redécouvre les films depuis quelques années, prouve ici qu’il est bien plus qu’un réalisateur, c’est un enfant qui n’a jamais cessé de rêver.
Simple comme Sylvain de Monia Chokri
Burlesque, émouvant, vif, drôle, triste… Le dernier film de Monia Chokri est juste et puissant. En racontant une histoire mille fois racontée : une femme quitte un homme pour un autre, la réalisatrice parle de notre rapport aux autres, à l’amour et à nous même. Incisif, le récit est profondément drôle et humain. La mise en scène, virtuose, pousse le trait des défauts et des stéréotypes de la rencontre amoureuse. Pourtant la cinéaste ne fait pas de fausses notes : elle suit les états d’âme de son héroïne (Magalie Lépine-Blondeau, parfaite !), ainsi la mise en scène n’est pas excessive, mais juste.
About Kim Sohee de July Jung
C’est une œuvre forte et juste autour des métiers de service et de l’exploitation des plus faibles. Un véritable coup de poing. Nécessaire même, dans cette société qui oublie trop souvent que derrière chaque service, il y a un être humain. À l’ère d’internet et du toujours plus rapide, ce film est un rappel.
Killers of the flower moon de Martin Scorsese
Pour son retour au cinéma, le cinéaste américain choisit une histoire qui lui tient profondément à cœur. Pour la première fois aussi, il place au centre de son récit une femme forte, victime des hommes blancs et d’une société capitaliste. Lily Gladstone incarne à la perfection une Osage dont la communauté est devenue riche grâce au pétrole. Puissant, qui prend le temps de développer son intrigue, Killers of the flower moon rend hommage à cette femme et à ce peuple que l’Histoire américaine a oublié.
Le Règne animal de Thomas Cailley
Neuf ans après Les Combattants, le réalisateur français revient avec son nouveau film au cinéma. Présenté à Un Certain Regard au Festival de Cannes, Le Règne animal montre qu’il est possible de faire un film de genre à la française sans perdre notre talent pour le drame et l’intime. Ce récit, profondément humain, représente à la fois les relations aux Autres – étrangers, créatures, êtres différents de nous – et à la famille. Romain Duris et Paul Kircher sont parfaits.
Oppenheimer de Christopher Nolan
Le son, l’image et un flot d’informations qui ne s’arrêtent jamais. Christopher Nolan nous place dans le cerveau de son protagoniste. Toujours avec la même magistralité, le cinéaste offre au public une expérience immersive et complexe. Faire un film en 2023 sur le créateur de la bombe nucléaire n’est pas anodin et il parvient également à instiller les doutes et regrets d’Oppenheimer qui lutta dans la 2ème partie de sa vie de l’utilisation de la bombe.
Past Lives de Céline Song
En parlant des choix à faire, de nos vies à mener, la réalisatrice américaine propose un film amer et doux. Qui sommes-nous ? Et qui voulons nous être ? A travers cette histoire d’amour, elle interroge aussi nos croyances et relance les dés de la comédie romantique. Nous sommes à la fin aussi bouleversées que l’héroïne.
Le Bleu du caftan de Maryam Touzani
Prix Fipresci au Festival de Cannes à Un Certain Regard en 2022, rarement un film aura réussi à parler de choses déchirantes avec sensibilité et pudeur. Le Bleu du caftan est d’une rare beauté, en toute simplicité. Avec justesse et délicatesse, Maryam Touzani continue d’explorer, comme elle l’avait fait avec son film précédent Adam (2019), la condition des femmes et des opprimés dans la société marocaine. Avec beaucoup d’amour pour ses personnages, la sphère intime devient un refuge, un lieu de recueillement et un havre de paix.
Wonka de Paul King
Le film vient d’entrer dans ma sélection films doudou immédiatement après l’avoir vu. Les musiques, les chorégraphies, la mise en scène et l’histoire pleine de bons sentiments en font un long métrage idéal à regarder dans la couette (ou sur grand écran). Mention spéciale à Timothée Chalamet que l’on découvre vif, drôle et plein de fantaisie. Par le réalisateur de Paddington qui était déjà une petite sucrerie.
Mentions spéciales pour :
Spider man across the spider-verse de Joaquim Dos Santos et Kemp Powers
Goutte d’or de Clément Cogitor
Le Procès Goldman de Cédric Kahn
Marine Pallec
Simple comme Sylvain de Monia Chokri
Après deux premiers films remarqués (La Femme de mon frère et Babysitter) en tant que réalisatrice, Monia Chokri revient derrière la caméra avec une réflexion tendre et drolissime autour de l’amour, du désir, de la passion et du couple ; un tour de force brillant et jouissif qui réussi même la prouesse de faire rire (et pleurer) sur du Michel Sardou.
Aftersun de Charlotte Wells
Sorti chez nous en début d’année 2023, le premier long-métrage de Charlotte Wells continue de hanter quiconque aura eu la chance de poser ses yeux sur ce petit objet plein de mélancolie. Anatomie subtile d’une relation père-fille, Aftersun touche au sublime dans sa mise en scène des non-dits et dans sa collection d’instants suspendus, incarné par un duo d’acteurs exceptionnels (Paul Mescal et Frankie Corio).
Le Règne animal de Thomas Cailley
Et si un virus transformait les êtres humains en animaux ? Neuf ans après Les Combattants, Thomas Cailley revient avec ce film à la croisée des genres. Proposition atypique dans le cinéma français, Le Règne animal surprend et déboussole en naviguant tantôt entre le fantastique, le coming of age, le drame familial ou bien encore la fable politique pour un résultat d’une puissance rare. Un film à (re)découvrir absolument.
Past Lives de Céline Song
En opérant à la croisée des chemins entre passé et présent, histoire(s) d’amour(s) et identité(s), Céline Song livre ici un premier film d’une rare intelligence. Doté de dialogues sublimes et d’un trio d’acteurs au sommet de son art, Past Lives c’est le coup de cœur de cette fin d’année !
Mars express de Jérémie Périn
En venant jouer sur deux terrains extrêmement rares dans le cinéma français, celui de la science-fiction et de l’animation pour adulte, Mars Express avait tout d’un pari risqué. Le film relève néanmoins le challenge grâce à son intrigue et son excellente réalisation, signée par Jérémie Périn. En plus de constituer une proposition complètement hors normes, le film se démarque par son univers foisonnant, clairement nourri par des références à la Blade Runner et Ghost in the Shell. Un véritable bijou comme on aimerait en voir plus en salle.
About Kim Sohee de July Jung
Film éminemment politique, About Kim Sohee montre d’une manière sidérante les rouages impitoyables et les conséquences d’une société sud coréenne ultra-libérale et sur-institutionnalisée. Sous le couvert d’une intrigue policière tournant autour de la mort d’une adolescente, le film remonte avec minutie chaque échelon d’un système déshumanisé qui en vient à broyer les individus. Absolument glaçant.
Love Life de K?ji Fukada
Au premier regard, tout portait à croire que Love Life allait nous compter une chronique du Japon d’aujourd’hui : celle d’un couple, d’une famille recomposée, face aux poids des traditions et du regard des autres. Pourtant, il n’en est rien. Loin de ses apparences triviales qu’il semble d’abord présenter, le film bascule rapidement vers une autre dimension dévastatrice où se mêlent drame, quêtes de sens et trahisons personnelles. Un chef d’œuvre à surtout ne pas se faire spoiler !!
Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 de James Gunn
Flottant bien au-dessus du naufrage intellectuel et esthétique des marveleries actuelles, ce troisième épisode des Gardiens de la Galaxie, remonte nettement le niveau. En parvenant momentanément à sortir des carcans désormais ultra formatés de l’écurie Marvel et en se recentrant sur ses personnages, James Gunn acte des adieux aussi trépidants que poignants pour une des teams les plus emblématiques du MCU. Tout en remplissant pleinement sa fonction de divertissement grand public, cet ultime opus accomplit ici ce que peu de films de blockbuster super-héroïques parviennent encore à faire : nous émouvoir.
Saltburn de Emerald Fennell [disponible sur Amazon Prime]
Après Promising Young Woman, Emerald Fennell revient en force avec cet étrange objet pop et chimérique, mélange de thriller érotique et de relecture ubuesque de la lutte des classes. Entre mascarades et obsessions, Saltburn s’impose comme une sorte de réactualisation dégénérée du Talentueux Mr Ripley en déroulant son récit over the top dans une ambiance captivante, servie par une réalisation et une esthétique ultra léchées.
Perfect Days de Wim Wenders
Sur le papier, le projet de cet ovnis aurait peut-être de quoi en effrayer certains : raconter pendant deux heures et quelques le quotidien d’un homme pipi à Tokyo…et c’est tout. Et pourtant, c’est là tout le génie de Wim Wenders : donner naissance à un grand moment de cinéma à partir de tous les petits rien. Sans jamais tomber inutilement dans le pathos ou le contemplatif niaiseux, le film et son personnage prennent le temps d’observer la vie comme elle vient, avec tous ses petits détails tantôt burlesques, drôles ou cruels, sans jamais s’émouvoir du temps qui passe. Un vrai moment de poésie.
Flop 5
Mystère à Venise de Kenneth Branagh
Ant-Man et la Guêpe : Quantumania de Peyton Reed
La Tresse de Laetitia Colombani
La Graine de Eloïse Lang
Babylon de Damien Chazelle
Déborah Mattana
Il est vrai que cette année 2023 a offert quelques pépites cinématographiques mais reste quelque peu timide en termes de chefs-d’œuvre. Après l’importante vague de sorties due à l’embouteillage COVID-19, difficile de se contenter de quelques bons films par-ci par-là. Néanmoins, certains long métrages ont retenu notre attention et ont su laisser une empreinte après leur générique. Entre le printemps des blockbusters et le phénomène “Barbenheimer”, des films plus modestes ont su toucher les spectateurs et la critique. Vivement 2024 !
Babylon de Damien Chazelle
Ce cinquième long métrage de Damien Chazelle est un chef-d’œuvre cinématographique qui transcende les frontières du temps. La vision du réalisateur multi-récompensé propose une plongée captivante dans l’âge d’or d’Hollywood, fusionnant le glamour des années 1920 avec une réflexion profonde sur la quête éternelle de la célébrité. Ce tour de force artistique souligne la maîtrise du réalisateur dans la création de films d’une beauté intemporelle et de plus en plus ambitieux. Les performances impeccables du casting, avec un Brad Pitt puissant et une Margot Robbie éblouissante, ajoutent une couche d’authenticité à l’ensemble. La direction artistique et la photographie capturent la magie du cinéma muet et du début du parlant. La bande-son, signée Justin Hurwitz (oscarisé pour la bande originale de La La Land, Damien Chazelle, 2016) enveloppe le spectateur dans une expérience sensorielle immersive, il faut souligner que le film a été tourné pour être projeté dans des salles équipées IMAX. Ce film est une symphonie visuelle et émotionnelle, faisant de Babylon un incontournable du cinéma contemporain.
Aftersun de Charlotte Wells
Ce film est un poème émotionnel saisissant le cœur du spectateur avec délicatesse. En explorant la complexité des relations humaines, le film offre une méditation profonde sur l’amour, la perte et la résilience. Les performances émotionnellement chargées des acteurs principaux créent une authenticité poignante. Nous y retrouvons d’ailleurs Paul Mescal (Normal People, Lenny Abrahamson, Hettie MacDonald, 2020 ; Carmen, Benjamin Millepied, 2023) nommé aux Oscars 2023 pour ce rôle de jeune père bouleversé par la vie. Charlotte Wells maîtrise l’art de la narration visuelle, capturant la beauté et la douleur avec une sensibilité raffinée. La bande originale subtile souligne la mélancolie et l’espoir qui imprègnent chaque scène. Ce long métrage brouille les frontières du cinéma pour devenir une expérience cathartique, laissant une empreinte indélébile et une réflexion sur l’âme humaine. Ce film résonne longtemps après le générique de fin, rappelant la puissance incommensurable du cinéma à évoquer des émotions profondes et universelles tout en restant juste et bien dosé.
Elémentaire de Peter Sohn
Le nouveau Pixar de 2023 de Peter Sohn (Le voyage d’Arlo, 2015) est un film d’animation qui enchante le cœur et l’esprit. La fusion d’une animation visuellement étincelante et d’une narration riche en émotions en font un Pixar de qualité. Ce film satisfait toutes nos attentes, en explorant les thèmes universels tels que l’amitié, le courage de changer et la découverte de soi. Les personnages attachants, dont la quête pour comprendre le monde résonne profondément et sont rendus encore plus mémorables de par la modernité de leur histoire (même si, l’honnêteté nous pousse à souligner qu’il s’agit de la même histoire depuis 1597, celle de Roméo et Juliette de William Shakespeare). L’humour chaleureux et intelligent s’entremêle avec des moments touchants, créant une expérience notable. La partition musicale complète cette œuvre, offrant à chaque scène son petit moment d’émotion. Elémentaire est une célébration captivante de l’imagination, de la diversité et de la puissance de l’amour. Un incontournable qui peut transcender les générations, laissant une empreinte joyeuse dans le cœur de tous les spectateurs (petits et grands !).
The Son de Florian Zeller
Le réalisateur Florian Zeller, oscarisé pour The Father en 2020, explore à nouveau les liens familiaux avec un film qui aborde avec sensibilité le thème complexe de la santé mentale et ses impacts. La réalisation équilibrée témoigne d’une capacité à jongler avec les émotions, avec une utilisation minutieuse de la mise en scène pour refléter le chaos émotionnel du protagoniste (Zen McGrath). Les performances des acteurs, notamment celle de Hugh Jackman, sont solides et nuancées, apportant une profondeur supplémentaire au récit. Cependant, le film peut parfois sembler prévisible dans son exploration des thèmes familiaux et de la détérioration mentale. De plus, la structure narrative complexe, bien qu’intrigante, peut dérouter certains spectateurs. Malgré cela, The Son mérite d’être salué pour sa tentative sincère d’explorer des questions importantes tout en mettant en lumière les défis de la représentation fidèle de la souffrance au cinéma.
Living d’Oliver Hermanus
Living d’Oliver Hermanus est sûrement le film le plus saisissant de cette année de cinéma 2023. Cette œuvre profondément émouvante explore les subtilités de la vie humaine. Le réalisateur parvient à capturer l’essence fragile de la vie quotidienne avec une intensité remarquable. Les performances émotionnellement riches du casting, en particulier celle de Bill Nighy (About Time, Richard Curtis, 2023 ; Love Actually, Richard Curtis, 2003), créent une symphonie d’émotions authentiques. En épargnant les clichés, le réalisateur nous plonge dans les nuances de l’amour et de la perte. La direction artistique subtile et la photographie éthérée renforcent la beauté mélancolique de chaque instant. Bien que le film puisse parfois se perdre dans sa contemplation, il offre une représentation sincère des liens sociaux, l’acceptation et la recherche constante de sens dans nos vies. Living, ou Vivre dans sa traduction pour le cinéma français, secoue nos certitudes et nous empreint d’une tristesse nécessaire.
Mentions spéciales :
Une nuit d’Alex Lutz
Barbie de Greta Gerwig
Empire of Light de Sam Mendes
Et l’amour dans tout ça ? de Shekhar Kapur
Le pire voisin du monde de Marc Forster
Lucie D
L’année se clôture et, une fois de plus, il est temps de faire le bilan cinématographique des longs-métrages qui nous ont marquées. 2023 était riche, multiculturelle et polymorphe. On ne peut évidemment pas encapsuler une année entière en seulement 10 films, aussi il a fallu faire des choix. La sélection était difficile, aussi je commenterai en préambule quelques films que je n’ai pas intégrés à la liste mais qui méritent d’être cités comme : le délicat The Quiet Girl, de l’Irlandais Colm Bairéad, seul film de l’année (et même des trois dernières années) à m’avoir fait pleurer; le remarquable Mars Express de Jérémie Perin, preuve que le cinéma d’animation français est plein de vitalité; ou encore le si drôle Simple comme Sylvain, le plus beau et le plus complexe des longs-métrages de Monia Chokri à ce jour. Le top qui suit n’est donc pas exhaustif, et n’est pas non plus classé, il réunit en tout cas 10 films qui m’ont accompagnée durant cette année écoulée.
Anatomie d’une Chute de Justine Triet
Le cinéma français aura décidément marqué cette année sur les écrans. Avec son quatrième long-métrage palmé, Justine Triet transcende son cinéma, qui devient plus complexe et fascinant. Au travers d’un procès, c’est la notion de couple, les non-dits et la vie d’une femme qui sont passés au crible avec beaucoup d’intelligence. Un film porté par de brillants acteurs, notamment la révélation Milo Machado-Graner, que l’on attend avec impatience chez d’autres cinéastes. On n’oublie pas non plus Snoop, le chien-acteur qui a amplement mérité sa Palm Dog!
Les Feuilles Mortes d’Aki Kaurismäki
Deux âmes esseulées se rencontrent à Helsinki, puis se perdent pour mieux se retrouver. Quasi mutique, Les Feuilles Mortes sacralise avec une rare poésie les petits gestes du quotidien et la naissance des sentiments entre un homme et une femme. Kaurismaki signe une œuvre bouleversante et d’une grande beauté plastique.
Le Règne Animal de Thomas Cailley
Qui a dit que le cinéma français ne savait pas produire de bons films de genre? Thomas Cailley nous livre avec son deuxième long-métrage une inoubliable ode au cinéma fantastique animalier sur fond de deuil, d’une créativité folle et d’une émotion rare. Paul Kircher et Romain Duris forment un duo magnétique, qui prend littéralement son envol dans une séquence finale magnifique.
The Fabelmans de Steven Spielberg
Le cinéma de Steven Spielberg n’a pas bercé mon enfance, contrairement à de nombreux spectateurs. J’ai pourtant été captivée de bout en bout par son long-métrage extrêmement personnel, lettre d’amour à sa famille et au Cinéma tout entier. Avec une mention spéciale pour David Lynch, surprenant John Ford, et un plan final qui prouve qu’un petit mouvement de caméra peut transformer un film en chef-d’œuvre.
Yannick de Quentin Dupieux
L’année 2023 est sans aucun doute celle de Raphaël Quenard, également très remarqué dans le film de Jean-Baptiste Durand Chien de la Casse. Mais c’est dans Yannick qu’il réalise sa meilleure performance, celle d’un loser-terroriste-dramaturge prêt à tout pour se faire remarquer au moins une fois dans sa vie. Le prolifique Quentin Dupieux réussit à nous surprendre de films en films, et, en à peine 1h20, nous fait hurler de rire puis verser une larme. Une petite prouesse, portée par son casting de haut vol.
Toute la Beauté et le sang versé de Laura Poitras
En mêlant le passé de photographe de Nan Goldin à son activisme fervent contre la société pharmaceutique Sackler, Laura Poitras dresse un portrait de femme intime et universel à la fois. Un long-métrage documentaire qui révolte et qui émeut, nécessaire et beau, à l’image de son titre poétique. Après des documentaires comme le percutant Citizenfour (2015) qui captait Edward Snowden à un instant décisif de sa vie, Laura Poitras prouve une fois de plus son grand talent pour filmer ceux qui l’entourent avec la juste distance.
La Main de Danny et Michael Philippou
Pour l’amatrice de cinéma d’horreur que je suis, le frisson n’est pas au rendez-vous à chaque sortie en salle. C’était sans compter sur l’arrivée des frères australiens Philippou, qui, tout en s’inspirant des codes classiques du film de possession, réinventent le genre avec style et rythme, dans un grand huit de terreur, comme le faisait bien It Follows (David Robert Mitchell, 2014). Dès la scène d’ouverture ultra-violente, le ton est lancé, la peur ne nous quittera pas pendant 1h34, et sera accompagnée d’un sous-texte intelligent sur la jeunesse et le deuil. On attend le prequel avec impatience.
Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese
Plongée dans l’Oklahoma du début du XXème siècle, terre pétrolifère qui a enrichi la tribu amérindienne Osage. Passions, convoitise et violence vont évidemment résulter de cette situation initiale… Martin Scorsese délivre un film fleuve de plus de 3h qui captive avec son scénario et ses costumes léchés. Mais c’est l’impériale Lily Gladstone qui éclipse tout le reste, avec cette prestation dans la peau de Mollie, qui est sans doute le rôle de sa vie, et qui suffit à donner à ce film sa place dans le top.
Perfect Days de Wim Wenders
Wim Wenders ne nous avait pas offert de fiction depuis quelques années. Il revient avec un film qui raconte tout simplement la beauté du quotidien, sublimé par son personnage, Hirayama. Cet agent d’entretien est interprété par le poignant Koji Yakusho, débordant d’humanité grâce à son simple sourire. Une capsule de bienveillance et de poésie accompagnée par une bande-originale réconfortante et le regard artistique du photographe qu’est également Wim Wenders.
De Humani Corporis Fabrica de Verena Paravel et Lucien Castaing-Taylor
Je ne pouvais pas établir mon top sans mentionner cette curiosité documentaire. Insoutenable et fascinante, cette œuvre inclassable du couple d’anthropologues cinéastes a changé mon regard sur le corps humain et ses maux, ainsi que sur la situation du milieu hospitalier. Un voyage que je ne referai pas volontiers, mais que je ne suis pas prête d’oublier.
Flop 5
On voit beaucoup de films chaque année, et on passe de nombreuses heures dans les salles obscures… Mais certaines paraissent plus longues que d’autres! C’est donc un peu le plaisir coupable de l’année de pouvoir réunir dans une même liste les longs-métrages qui m’ont déçue, profondément ennuyée, voire même agacée. Retour en 5 films sur le pire de l’année 2023.
Hypnotic de Robert Rodriguez
The Son de Florian Zeller
Maestro de Bradley Cooper
The Eternal Daughter de Joanna Hogg
La Nonne : La Malédiction de Sainte-Lucie de Michael Chaves