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Il ne fait rien dans les normes et a marqué des générations. Tout le monde voulait lui ressembler, même lui ! Il n’a pourtant reçu qu’une récompense : l’Oscar d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière en 1970. Il aurait mérité bien plus, mais à l’instar d’un autre grand nom avec qui il a d’ailleurs travaillé (Alfred Hitchcock), les meilleurs ne sont pas forcément reconnus par leur pair, du moins, pas tout de suite. Allez on fait classique pour donner quelques bases.
Archibald Alexander Leach, de son vrai nom, naît le 18 janvier 1904 à Bristol en Angleterre. Il ne deviendra Cary Grant qu’en 1931 – il a failli s’appeler Cary Lockwood. Ce n’est qu’en 1935, avec Sylvia Scarlett (George Cukor) que l’acteur estime avoir un rôle important et qu’il considère comme enfin intéressant. Jusque là, il n’avait que des seconds rôles et des personnages qui ne lui correspondaient pas vraiment ; Pour la plupart on mettait en avant son charme et sa beauté et non ces talents de comédien et d’acrobate. Dans le film Honni soit qui mal y pense (The Bishop’s Wife, Henry Koster, 1947), il interprète un ange dont tout le monde tombe sous le charme par le simple fait de sa présence et de sa sérieuse légèreté. Il s’agit sans doute l’une des ses interprétations qui représente le mieux le mystère Grant. En 1936, il décide de profiter de la fin de son contrat avec le studio Paramount, pour devenir indépendant et ainsi choisir ses propres rôles. De plus, il ne veut pas rester dans l’ombre de Gary Cooper. Dès lors, ses films deviennent plus diversifiés et il acquiert en notoriété. Il devient célèbre grâce au genre de la screwball comedy, ce sous-genre de la comédie américaine où il peut laisser libre court à son humour et à la maîtrise de son corps.
En 1935, il apprend également que sa mère, qu’il pensait morte, est encore vivante et enfermée dans un asile depuis plus de 20 ans. C’est son père qui le lui annonce avant de mourir. Ce fait est à l’image de la vie de Cary Grant : très tumultueuse. Homosexuel ou non, homme à femmes, instable, mystérieux, un beau documentaire tente de saisir l’énigme Grant : Cary Grant – de l’autre côté du miroir (Becoming Cary Grant, Mark Kidel, 2017) tout en laissant cependant de côté, la question des violences conjugales qui aurait causé son premier divorce avec l’actrice Virginia Cherrill et, qu’abordent certaines de ses biographies. Personne n’a vraiment su ce qui se cachait derrière son flegme et son charme. En 1966, à l’âge de 62 ans, il décide d’arrêter sa carrière d’acteur pour se consacrer à sa fille, Jennifer, qu’il a d’un 4ème mariage.
Avec une carrière majestueuse de quelque 75 films, Cary Grant a su marquer durablement l’histoire du cinéma par sa grâce, son agilité, tant physique que d’esprit et par son charme indéniable. Il inspire Ian Fleming qui crée le personnage de James Bond à son image. Acteur de légende, sa filmographie montre avec homogénéité son talent.
Nous avons décidé de revenir sur quelques films, ceux qui nous ont le plus marqué. Il y en a d’autres, beaucoup d’autres. Nous vous invitons à profiter de la rétrospective consacrée à ce monstre sacré du cinéma à l’Institut Lumière à Lyon qui se termine le dimanche 6 octobre 2024. En attendant, voici notre top des meilleurs films de Cary Grant (totalement subjectif) par ordre chronologique !
Cette sacrée vérité (The Awful Truth) de Leo McCarey, 1952
Jerry Warriner (Cary Grant) et sa femme Lucy (Irene Dunne) se mentent depuis longtemps sans en être dupes. Ils décident donc, d’un commun accord, de divorcer. Cette formalité accomplie, chacun part pour de nouvelles aventures. Mais leurs chassés-croisés amoureux les réuniront à nouveau.

Souvent la screwball comedy est appelée comédie du remariage, un peu à tort et cela est surtout réducteur pour un genre varié et vaste. Pourtant, Cette sacrée vérité de Leo McCarey sortie en 1937 est belle et bien une comédie du remariage et un des piliers du sous-genre.
Alors que Jerry rentre (soi-disant) de Floride, il ne trouve pas sa femme Lucy (Irenne Dune) chez eux. Elle arrive quelque instants plus tard avec son professeur de musique. Un accident de voiture et ils ont passé la nuit ensemble. Pour Jerry s’en est trop et, il demande le divorce. Finalement c’est Lucy qui divorce et obtient la garde de Mr Smith (leur chien). Ils ont 60 jours avant de ne plus être mari et femme. Pendant 60 jours, ils ne vont faire que se chercher querelle.
Succès commercial et critique, Cette sacrée vérité est la première screwball dans lequel joue Cary Grant, genre où il excelle particulièrement. En effet il s’amuse avec son physique avantageux pour se tourner au ridicule sans être ridicule. Tout un art ! La séquence où il essaye un chapeau trop grand chez son ex femme est révélateur. Cocu, ce chapeau en est la preuve. Il se regarde dans le miroir à la fois surpris et troublé de cette vérité. Le film est également l’occasion d’interpréter un aristocrate au côté d’Irene Dunne, qu’il retrouvera dans le savoureux Mon épouse favorite (My Favorite Wife, Garson Kanin, 1940) et le mélodrame La Chanson du passé (Penny Serenade, George Stevens, 1941). M.M
L’impossible Monsieur Bébé (Bringing Up Baby) d’Howard Hawks, 1938
David Huxley (Cary Grant), un paléontologue, est fiancé à sa secrétaire Alice. Susan (Katharine Hepburn), rencontrée lors d’une partie de golf, est également sensible au charme félin de David. Hélas, M. Bébé ne quitte pas la jeune femme d’une semelle. Enfin, d’une patte, car M. Bébé est un léopard…

Paléontologue, timide et issu d’origine modeste, Cary Grant incarne le jeune Dr David Huxley. Il y retrouve Katharine Hepburn en jeune aristocrate excentrique, Susan Vance, qui tombe amoureuse de lui et l’empêche de se marier et d’avoir de l’argent pour son musée. Dans cette comédie loufoque, classique du genre, l’acteur s’en donne à coeur joie. Le duo fait des étincelles, mais n’arrivera pas à rencontrer le succès commercial espéré. Il faudra attendre Indiscrétions (The Philadelphia Story, George Cukor, 1940) pour que le couple d’acteur arrive en tête du box office.
L’Impossible Monsieur Bébé est aujourd’hui élevé au rang de film culte. Quiproquos en chaîne, situations absurdes, le rythme soutenu ne laisse pas un seul instant de répit au public. L’homme est ici mené à la baguette par la femme, indépendante et volontaire qui dirige l’action de catastrophes en catastrophes. Les moments les plus savoureux reste la première rencontre entre la tante de Susan et David alors qu’il est vêtu d’un pyjama de femme à froufrou qu’on devine rose, malgré le noir et blanc. Elle insiste pour savoir qui il est et lui demande pourquoi il est accoutré de cette manière. Il répond exaspéré par la situation en sautant : « Because I’m gay ». Beaucoup y verront la double lecture de l’homosexualité qu’on supposera de sa part, dans un Hollywood où la norme était l’hétérosexualité. M.M
Vacances (Holiday) de George Cukor, 1938
Un homme (Cary Grant) se heurte au conformisme de sa riche et potentielle belle-famille mais trouve une alliée en sa belle-soeur (Katharine Hepburn).

Troisième rôle avec Katharine Hepburn, avec qui il a déjà joué dans Sylvia Scarlett (George Cukor, 1935) – un rôle de voyou qu’il affectionne particulièrement – et L’Impossible Monsieur Bébé (Howard Hawks, 1938). Ici, il est Johnny Case, un homme modeste qui rencontre une riche héritière au ski. Coup de foudre, fiançaille, mais le retour des vacances a un arrière goût. En effet, ce personnage fantasque veut profiter de la vie et de ses meilleures années sans travailler ou le moins possible. Mais sa fiancée, Julia, ne l’entend pas de cette oreille. Il fait alors la connaissance de Linda, la sœur, tout aussi fantasque et éprise de liberté que lui.
George Cukor est le premier réalisateur à avoir vu le potentiel, non seulement comique, mais également dramatique du comédien. Après Sylvia Scarlett et malgré son échec financier, il redonne les premiers rôles à Hepburn et Grant. Remake du film Holiday d’Edward H. Griffith sorti huit ans auparavant, Vacances permet à Cary Grant de montrer à la fois ses talents d’acrobates, mais aussi de jouer des notes plus graves. M.M
La Dame du Vendredi, (His Girl Friday) d’Howard Hawks, 1940
Pour récupérer sa femme (Rosalind Russell), qui veut divorcer, le rédacteur en chef (Cary Grant) d’un grand quotidien l’envoie réaliser un reportage insensé : interviewer un condamné à mort.

Après Seuls les anges ont des ailes (1939) – déjà avec Cary Grant – Hawks s’engage dans la réalisation de l’une des meilleures screwball comedy de tous les temps. Pour le rôle masculin, il pense immédiatement à Cary Grant qui s’est déjà illustrée dans le genre de la comédie. Pour lui faire face, Hawks approche plusieurs actrices qui refusent le rôle. C’est finalement Rosalind Russell qui vient de connaître un grand succès avec George Cukor et The Women (1939) qui donnera la réplique à Grant.
Dans ce film, tout va à mille à l’heure : les rebondissements, les informations mais surtout, les dialogues (on estime le débit de parole à deux cent quarante mots par minutes ce qui fait de ce film, l’un de ceux avec le débit le plus rapide de l’histoire du cinéma) !
Cary Grant et Rosalind Russell se marchent sur les pieds, se cherchent, se bousculent pour finalement mieux se retrouver. Contrairement à d’autres rôles comiques, l’acteur fait ici preuve d’énormément de stabilité. Son corps tout entier se dresse contre ceux voulant se mettre en travers de son chemin. Pour autant, bien qu’il interprète un personnage manipulateur et prêt à tout pour récupérer celle qu’il aime, Grant parvient à insuffler à Walter Burns, de la subtilité mais surtout de la tendresse nécessaire. C.D
La Justice des hommes (The Talk of the Town) de George Stevens, 1942
Accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, Léopold (Cary Grant) s’évade de prison et trouve refuge chez son amie d’enfance Nora (Jean Arthur). Elle le fait passer pour son nouveau jardinier afin de ne pas éveiller les soupçons de Michael (Ronald Colman), juriste et colocataire de la jeune femme. Ce dernier va cependant vite se rendre compte de la supercherie mais va décider de venir en aide au fuyard, afin de prouver son innocence.

Leopold Dilg est accusé d’avoir mis le feu à une entreprise et d’avoir tué un homme. Coupable aux yeux de la foule qui souhaite le voir limogé, l’homme s’échappe. Les premières minutes le montrent comme cruel et dangereux. Tout au long du film, le propos sera justement de tordre le cou aux préjugés et de montrer comment on peut manipuler l’opinion publique facilement. Cary Grant est presque dans un rôle à contre emploi et il fait face à un autre grand acteur de l’époque : Ronald Colman, en professeur zélé qui croit en la justice avant tout et qui se trouve louer la maison où Dilg a trouvé refuge.
Très vite, le film prend une allure plus comique que tragique, surtout dans les moments du quotidien, Leopold se fait passer pour Joseph le jardinier et cuisine en tablier. Face à eux, Jean Arthur incarne Nora Shelley, une ancienne camarade de classe, qui tente tant bien que mal de protéger Leopold/Joseph. Cette comédie dramatique annonce les prémices d’un autre film plus sombre : On murmure dans la ville de Joseph L. Mankiewicz (People Will Talk, 1951). Cary Grant passe ici du registre dramatique au registre comique avec beaucoup d’aisance, pour notre plus grand plaisir. M.M.
Allez coucher ailleurs (I Was a Male War Bride) d’Howard Hawks, 1949
Les amours mouvementées et rocambolesques de deux agents secrets, l’un français (Cary Grant), l’autre américain (Ann Sheridan), en mission en Allemagne en 1945.

C’est la quatrième fois que Cary Grant retrouve le réalisateur Howard Hawks. Le tournage se déroule en Allemagne et est particulièrement éprouvant pour l’équipe dont plusieurs membres tomberont malades (Cary Grant y compris). L’histoire qui se déroule en 1945, raconte la collaboration entre le capitaine français Henri Rochard et la lieutenante américaine Catherine Gates. Le récit commence comme une pure screwball comedy : malgré une histoire passée, Henri et Catherine ne peuvent plus se supporter et n’arrêtent pas de se mettre des bâtons dans les roues. Puis, le mariage intervient et dès lors, le film – tout en gardant son aspect comique – devient une critique contre la bureaucratie américaine. Parce qu’il n’est pas la femme d’un officier américain mais, le mari d’une lieutenante américaine, le personnage de Cary Grant rencontrer toutes les difficultés du monde pour suivre sa femme. Il va même jusqu’à mentir sur son genre et se travestir !
Henri Rochard n’arrive pas à trouver sa place comme mari mais tout au long du film déjà, il semble en difficulté pour simplement maîtriser son corps. Dans ce film, Grant nous rappelle qu’il est un grand acteur de comédie et que son corps est un objet qu’il peut mouvoir à l’infini. C.D
A la faculté de médecine d’une petite ville de province, le brillant docteur Praetorius (Cary Grant) aide une jeune femme enceinte (Jeanne Crain) et en tombe amoureux. Il est en même temps confronté aux attaques d’un collègue jaloux (Hume Cronyn), qui fouille dans son passé et le suspecte d’être un charlatan…

En demandant à Cary Grant de jouer le docteur Noah Praetorius, Mankiewicz lui offre le rôle qu’il citera souvent comme étant l’un de ses favoris. À une époque où l’acteur souhaite donner une nouvelle orientation à sa carrière, la proposition du cinéaste arrive à point nommé.
Dans On murmure dans la ville Cary Grant interprète un médecin attentif à ses patients et jugé non conventionnel pour l’époque. Loin de ses rôles purement comiques, Cary Grant offre ici une interprétation nuancée et émouvante. Médecin parfait ou manipulateur ? Le doute règne jusqu’à la fin. Pour Mankiewicz, personne d’autre que Cary Grant ne pouvait interpréter ce rôle. Dans le livre de Patrick Brion dédié au réalisateur (Joseph L. Mankiewicz, 2005) on peut lire : « Cary possédait l’essence du bonheur, de la bonne humeur, de la vie […] c’était une chanson joyeuse, et je voulais l’associer à l’idée que je me faisais de ce docteur qui disait « Comment savez-vous qu’il est si terrible de mourir ? Cela vous est déjà arrivé ? » C.D.
Chérie, je me sens rajeunir (Monkey Business) d’Howard Hawks, 1952
Grand savant distrait, le professeur Barnaby Fulton (Cary Grant) est très préoccupé par l’invention d’une formule pour rajeunir. Sa femme, Edwina (Ginger Rogers), accepte avec tendresse ses éternels oublis et sa distraction. Dans le laboratoire de Barnaby, un singe renverse un cocktail de son invention dans la fontaine à eau.

“Pas encore Cary ! ” ; C’est la voix d’Howard Hawks qui ouvre le film, ordonnant à Cary Grant de refermer la porte qu’il vient d’ouvrir, pour laisser le temps au générique de début de se terminer. Outre son intérêt pour la mise en abyme du film (très rare à Hollywood à cette époque), ce petit gag donne le ton de cette comédie où le scientifique Barnaby Fulton (Cary Grant) multiplie les expériences pour trouver la recette de la jeunesse éternelle. C’est finalement un chimpanzé qui découvrira les ingrédients du fameux élixir. En enchaînant les situations rocambolesques, Howard Hawks redonne à Cary Grant l’occasion de performer dans un rôle comique à sa hauteur. Subissant lui-même les effets de cette fameuse potion magique, Barnaby Fulton redevient un petit garçon jouant au cow-boys et aux indiens. Pour faire face à Grant, Ginger Rogers mais également, une certaine Marilyn Monroe, alors au début de sa carrière ! C.D.
Elle et lui (An Affair to Remember) de Leo McCarey, 1957
Un séducteur d’origine italienne (Cary Grant) et une ravissante chanteuse de cabaret (Deborah Kerr) tombent éperdument amoureux au cours d’une traversée sur un paquebot. Mais il est fiancé et elle doit se marier à un riche Texan.

Cary Grant incarne dans ce mélodrame, un coureur de jupon. À l’image que l’on se fait de lui dans le vrai vie, son personnage reflète cette idée qu’il était un homme à femme. Pourtant dans le film, Nickie Ferrante tombe follement et éperdument amoureux de Terry McKay (incarnée par Deborah Kerr). Pour être sûr de leur amour respectif, elle et lui se donnent rendez-vous six mois plus tard en haut de l’Empire State Building (ce moment sera souvent cité en référence dans les comédies romantiques depuis : dans Nuits blanches à Seattle en 1993, Meg Ryan et Tom Hanks se donnent également rendez-vous en haut du célèbre building). C’est là que le drame commence. Le film, remake du film éponyme du même cinéaste de 1939, est poignant. Dans de somptueuses couleurs, Elle et lui offre à Cary Grant un de ses meilleurs rôles dramatiques, prouvant une nouvelle fois au passage qu’il est bien plus qu’un acteur de comédie. Il retrouve pour la troisième fois Leo McCarey, le réalisateur qui lui avait donné sa chance dans sa première screwball comedy ! M.M
La Mort aux trousses (North by Northwest) d’Alfred Hitchcock, 1959
Le publiciste Roger Tornhill (Cary Grant) se retrouve par erreur dans la peau d’un espion. Pris entre une mystérieuse organisation qui cherche à le supprimer et la police qui le poursuit, Tornhill est dans une situation bien inconfortable. Il fuit à travers les Etats-Unis et part à la recherche d’une vérité qui se révèlera très surprenante.

La collaboration avec le maître du suspense Alfred Hitchcock lui a offert l’opportunité de jouer de son corps d’une autre manière que comiquement. Dans La Mort aux trousses, il le retrouve pour la quatrième et dernière fois. Sans doute l’un des films les plus connus et les plus cités du cinéma. La séquence de poursuite avec un avion dans une zone isolée et plane étant une magistrale leçon de cinéma. Avant cela, le cinéaste lui avait proposé d’incarner un mari dont la femme pensait qu’il tentait de la tuer à petit feu dans Soupçons (Suspicion, 1941). Cary Grant y est sombre et manipulateur. Dans Les Enchaînés (Notorious, 1946), il est incapable d’avouer les sentiments qu’il éprouve pour Ingrid Bergman qui doit épouser un nazi dans l’espoir de l’espionner. Enfin, il est gentleman cambrioleur sur les bords de la Méditerranée au côté de Grace Kelly dans La Main au collet (To Catch a Thief, 1956).
Ici, Cary Grant y incarne Roger Thornhill, un banal patron de publicité new-yorkais qui par un malentendu est pris pour l’espion George Kaplan. Il devient alors la cible de ravisseurs qui souhaitent le voir mort. À ses côtés, ou plutôt face à lui, Eva Marie Saint incarne la mystérieuse Eve Kendall et James Mason le sombre Philip Vandamm. L’acteur ne voulait déjà plus faire de cinéma à ce moment-là et le tournage était chaotique au point que Grant ne comprenait pas ce qui se jouait pendant les prises. Il remerciera, pour ce rôle si particulier, le réalisateur après avoir vu le long-métrage. M.M
Charade de Stanley Donen, 1963
De retour de vacances, Reggie Lambert (Audrey Hepburn) retrouve son appartement parisien sens dessus dessous et apprend la mort de son mari. L’inspecteur Grandpierre lui explique que son époux avait détourné pendant la guerre un magot destiné à la Résistance française.

Le duo Cary Grant-Audrey Hepburn fait des étincelles. Dans cette comédie policière, Cary Grant incarne un homme mystérieux qui change plusieurs fois de noms et d’identités. Qui est-il vraiment ? Stanley Donen, qu’il retrouve une dernière fois pour une quatrième collaboration, lui offre d’interpréter une charade. Ce Brian Cruikshank, alias Peter Joshua, alias Alexander Dyle, alias Adam Canfield est l’incarnation de la vie de Cary Grant : il passe d’un personnage à l’autre sans jamais pouvoir être réellement défini. Il tournera encore deux films avant de prendre sa retraite. Tourné à Paris – oui Cary Grant a été à Paris -, le film possède mille et une références cinématographiques, dont les filmographies d’Audrey Hepburn et de Cary Grant. L’acteur aurait d’ailleurs déclaré : « Tout ce que je veux pour Noël, c’est un autre film avec Audrey Hepburn ! » Savoureux, drôle, énigmatique, Charade est un petit bijou. M.M

Et mention spéciale pour tous ses films que nous n’avons pas pu citer comme Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks (Only Angels Have Wings, 1939) où il interprète un pilote désabusé face à Jean Arthur ; Arsenic et vieilles dentelles de Frank Capra (Arsenic and Old Lace) qui est la screwball comedy par excellence où Cary Grant en fait des tonnes ; Les Enchaînés d’Alfred Hitchcock (Notorious, 1946) où il campe aux côtés d’Ingrid Bergman (qu’il retrouve en 1958 dans Indiscret de Stanley Donen) un homme sombre incapable d’aimer. Pile ou Face de H.C. Potter (Mister Lucky, 1943) où il joue un escroc qui se met à la couture (au tricot plus exactement) pour séduire la femme qu’il aime. Dans Mon épouse favorite de Garson Kanin (My Favorite Wife, 1940) il découvre que sa femme qu’il pensait morte dans un naufrage a survécu et réapparaît le jour de sa nuit de noce avec sa nouvelle femme ; un film savoureux avec Irene Dunne. Dans Howard le révolté de Frank Lloyd (The Howards of Virginia, 1940), il n’a pas peur du ridicule dans ce film historique autour de la guerre d’Indépendance et n’hésite pas à monter sur un âne trop petit pour lui. Ou encore Indiscrétions de George Cukor (The Philadelphia Story, 1940) avec Katharine Hepburn et James Stewart, Opération Jupons de Blake Edwards (Operation Petticoat, 1959) et pour finir Blonde Vénus de Josef von Sternberg (1932) où il interprète un riche playboy qui tombe amoureux de Marlène Dietrich. Un de ses premiers rôles.
Voilà Cary Grant c’est tout cela et bien plus encore ! Impossible de tout dire en si peu de mots sur cet homme qui a fait rêver le monde entier par son charisme, sa classe et son agilité. Un acrobate, capable de naviguer entre la comédie au drame, en passant par le thriller, le film policier ou historique ou encore le mélodrame.
Une mini-série revenant sur quelques parties de sa vie (Archie de Jeff Pope, 2024) vient tout juste de sortir. Mais est-il réellement possible de restituer les nombreux mystères entourant ce grand acteur ?