[CRITIQUE] Mémoires d’un escargot

image tirée du film Mémoires d'un escargot

Temps de lecture : 3 minutes

Gracie et Gilbert se retrouvent séparé-es à la mort de leur père. Envoyée loin de son frère jumeau, Gracie apprend à vivre isolée et peu aimée. Ce qui la fait tenir : les lettres de Gilbert et sa passion pour les escargots.

Le nouveau chef d’œuvre d’Adam Elliot – Mary et Max, prix de Cristal en 2009 à Annecy – émeut, fait rire et vibrer. Mémoires d’un escargot, présenté cette année au Festival d’Annecy, est une pépite sombre, un joyau rare. Produit avec peu d’argent, le cinéaste australien a fait peu bouger ses petits protagonistes en stop motion et a utilisé la voix off. Mais aucun de ces détails n’est un défaut, car Gracie, Gilbert et les autres personnages sont vivants et bien là. Il n’a pas volé une nouvelle fois son prix du Cristal !

Nous adaptons le point de vue de Gracie qui raconte son histoire à Sylvia, son escargote préférée. Sa vie n’a pas été drôle, pourtant le récit ne manque jamais d’humour. Sous son univers sombre – le réalisateur aime les couleurs peu chatoyantes : marron, gris, noir -, le film est pourtant plein d’espoir. Les choses glauques de la vie sont abordées avec humour et sans pathos : le fanatisme, le fétichisme, le sexe, l’alcoolisme et l’accumulation excessive pour noyer les malheurs de la vie. 
Une fois séparé-es, les petits jumeaux tombent dans deux familles radicalement différentes : Gilbert finit chez des religieux qui vénèrent les pommes. La mère, Ruth, désire que Gilbert se soumette aux rites et à l’exploitation avec la même résignation que ses quatre fils au crâne rasé. Gracie, elle, habite chez un couple, pas forcément méchant, mais qui ne cherche pas à devenir des parents aimants et attentionnés non plus. Assez vite, ils abandonnent la maison à Gracie, ses escargots et ses trois hamsters. 

Comment ne pas s’attacher à ses deux jeunes enfants ? Comme dans Mary et Max, le cinéaste fait communiquer deux mondes à travers les lettres qu’ils échangent. Une même tristesse habite ces reclus que la société ne veut ni voir ni aider.
Alors d’où vient l’espoir ? L’espoir c’est celui des rêves. Du désir qu’ont Gilbert et Gracie de se retrouver. C’est également l’humanité dans les petits détails : comme cette vieille dame qui rend les livres à la bibliothèque en les jetant à la poubelle ou encore ce bonnet en forme d’escargot fait maison. Mémoires d’un escargot semble au premier abord austère, comme la vie de ses protagonistes, mais sous les couches de saleté, de douleur et de tristesse, il y a l’humour, l’amour et le courage ; celui de réussir sa vie malgré tout et de se relever. Toujours.

Marine Moutot

Mémoires d’un escargot
Réalisé par Adam Elliot
Comédie dramatique, Australie, 1h34
15 janvier 2025
Wild Bunch Distribution

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