[CINÉMA] La Venue de l’avenir

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Présenté au Festival de Cannes en Sélection Officielle, le nouveau film du cinéaste Cédric Klapisch est sorti en même temps dans les salles françaises. Il fait partie de ces long-métrages qui, chaque année, profite de l’engouement autour du plus grand festival du monde. Le succès est une fois encore au rendez-vous pour ce très beau film autour du passé et de l’avenir. 

Nous y suivons, en 2025, quatre personnes, descendant-es d’une même femme, qui se retrouvent à devoir faire l’état des lieux d’une maison en Normandie. En plongeant dans ce lieu chargé d’histoire et de souvenirs, iels partent à la recherche de leur origine. Cette femme, Adèle, a 21 ans en 1895 et décide de monter sur Paris pour rencontrer sa mère qu’elle n’a jamais connu.

Pourquoi voir le film ? 

Deux époques et deux visions de l’avenir

Cédric Klapish s’est toujours intéressé à la jeunesse, de son premier film en 1994, Le Péril jeune jusqu’à sa série Salade grecque, sortie en 2023. C’était d’abord sa jeunesse, ce qu’il connaissait, ses expériences, puis il a regardé autour de lui pour comprendre aussi la jeunesse de celles et ceux qui l’entourent aujourd’hui. Dans son nouveau long-métrage, il essaye de rassembler plusieurs époques, plusieurs âges, mais avec, toujours, au centre : les jeunes, celles et ceux qui attendent la venue de l’avenir.
Sous forme d’enquête, il interroge avec justesse la recherche des origines. Ses personnages ne se connaissent pas et se retrouvent par la force des choses à interroger leur passé avec de parfaits inconnus. Leur lien : cette lointaine parente. Les quatre protagonistes du temps présent incarnent ainsi une vision de la vie et un rapport au futur différent. Ils n’ont pas le même âge, pas le même genre, pas la même vision du monde. L’un est profondément écologiste et a peur pour l’avenir, l’autre est professeur presque à la retraite et a passé la vie à transmettre aux plus jeunes. L’une est au bord de la crise émotionnelle et de la remise en question de ces choix de vie, tandis que le dernier vit en faisant des clips vidéos pour des influenceuses sur les réseaux sociaux. Tous et toute sont enfermé-es dans leur monde, et il faudra une ouverture vers le passé pour faire un pas vers l’autre et finalement soi-même. 

Si Cédric Klapish décide de plonger son héroïne du passé en 1895, c’est également parce que cette année est charnière. C’est la naissance du cinéma, de l’électricité et forcément le questionnement de la place de l’art. Deux personnages incarnent cette problématique : l’un est peintre et l’autre photographe.
En créant un parallèle autour de la question : qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? le cinéaste français montre quelque chose d’universel : il est important de connaître notre passé pour regarder l’avenir. Ce quelque chose que nous avons peut-être oublié aujourd’hui. Le film vous donnera d’ailleurs sans doute l’envie de replonger dans votre propre arbre généalogique !

Des acteurs et actrices excellentes

Cédric Klapish a toujours su s’entourer d’acteurs et d’actrices qu’il retrouve au fil de ces projets. C’est encore le cas ! Céline de France, Zinedine Soualem ou encore Abraham Wapler, qu’il retrouve après un tout petit rôle dans Salade grecque, ont l’habitude de tourner avec lui et parlent même de famille. Sujet central du film ! Et cette famille s’agrandit en accueillant à bras ouvert Suzanne Lindon, Paul Kirsch, Sara Giraudeau, Vassili Schneider ou même Vincent Macaigne. Un casting cinq étoiles pour ce film où chacun-e trouve sa juste place pour incarner leur personnage. 

La mise en scène inventive

Pour illustrer deux périodes différentes, mais surtout mettre en avant les techniques de chaque époque, le cinéaste et ses équipes techniques ont fait le choix de travailler les couleurs. 

Dans la partie moderne, les couleurs sont très vives, un peu à la manière de celles qu’on trouve sur les réseaux sociaux, où la vie et les couleurs sortent plus fortes, plus belles. Tandis que dans les périodes en 1895, les couleurs sont décolorées. Iels ont utilisé une colorisation particulière. Le rendu donne l’impression de regarder les premiers autochromes des clichés en couleur. Ce procédé photographique des couleurs est créé en 1903 par les frères Auguste et Louis Lumière – inventeur lyonnais du cinéma.

Le film interroge notre rapport aux autres, mais aussi à notre époque. En faisant le choix de filmer de manière distincte chaque époque, Cédric Klapish nous invite à questionner notre vision du monde, du temps et du moment.   

Pour aller plus loin, je vous conseille
La conférence de presse qui l’équipe du film à donner au Festival de Cannes

Marine Moutot

La Venue de l’avenir
Réalisé par Cédric Klapisch
Avec Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Vincent Macaigne
Comédie dramatique, France, 2h06
Studio Canal
Sortie le 22 mai 2025

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