Chaque jour, à raison de 4-5 découvertes cinématographiques, des liens entre les œuvres se dessinent. Mardi, c’était la journée du pouvoir de l’imagination, des drames du quotidien et des enfants en détresse. Les questionnements environnementaux sont également abordés dans Planètes et Arco, des films jetant un éclairage nouveau sur les temps à venir.
L’Officielle 2 : Planètes, de Momoko Seto
Dendelion, Baraban, Léonto et Taraxa, quatre akènes de pissenlit rescapés d’une succession d’explosions nucléaires qui détruisent la Terre, se trouvent projetés dans le cosmos. Après s’être échoués sur une planète inconnue, ils partent en quête d’un sol propice à la survie de leur espèce. Mais les éléments, la faune, la flore, le climat, sont autant d’embûches qu’ils devront surmonter.

Planètes réussit l’exploit de nous faire nous attacher à un quatuor de graines de pissenlit traversant des paysages magnifiques et infinis au réalisme saisissant. L’animation est très belle, et particulièrement intrigante quant à la technique. Malgré un rythme tranquille et quelques flottements – dans une aventure pourtant épique pour ces petits akènes -, cette traversée de planètes toutes plus ou moins inspirées des règnes animal et floral terrestres nous happe. Moments de grâce et drames s’entremêlent pour nous tenir magnifiquement en éveil dès 8h30 du matin.
L’Officielle 4 : Arco d’Ugo Bienvenu
Et si les arcs-en-ciel étaient en réalité des gens qui voyagent dans le temps ? Arco, 10 ans, vit dans un futur lointain. Lors de son premier vol dans sa combinaison multicolore, il perd le contrôle, sort de sa trajectoire et atterrit dans notre futur proche. Iris, une petite fille de son âge, l’a vu tomber du ciel. Elle va l’aider par tous les moyens à rentrer chez lui.

Qui n’a jamais rêvé de pouvoir voyager dans le temps ? De rencontrer les Pharaons ? De voir la création des cathédrales ? Ou même la Terre avant l’arrivée des humains ? Arco, lui, rêve de voir les dinosaures. C’est pour cela qu’une nuit, il brave l’interdiction du fait de son jeune âge et vole à travers le temps.
Dans ce futur pas si loin de nous, les personnages évoluent dans un monde de plus en plus déconnecté, tout le monde vit dans son monde, derrière des lunettes, à en oublier les autres, sauf certains enfants (ou adultes qui refusent de grandir). Iris, l’héroïne qui va aider Arco est bornée, intelligente et surtout très proche du réel. Sa rencontre avec Arco va lui redonner de l’espoir et surtout l’envie de quitter une époque où tout semble éteint et loin de la nature. Le dessin d’Ugo Bienvenu est proche de René Laloux et de Moebius, dans un style à la fois français et japonais – dont Miyazaki est la figure de proue. Le trait des personnages est simple et beau. Les paysages et les décors sont fins. Si vous connaissez l’univers du cinéaste, vous retrouvez dans ce monde futuriste qu’il nous propose des clins d’œil à ces créations passées. Si vous ne le connaissez pas, vous n’aurez aucun mal à plonger dans cet univers aux personnages à la fois proches de nous et parfois un peu farfelus. Attachants, les protagonistes sont beaux aussi parce que ce sont des idéalistes. Le robot Mikki – incarné par Swann Arlaud – a d’ailleurs été le héros d’une BD : Le Journal de Mikki.
L’Officielle 1 : Olivia et le tremblement de terre invisible, d’Irene Iborra Rizo
Olivia, 12 ans, voit sa vie basculer quand sa famille est expulsée de son logement. Avec sa mère Ingrid et son frère Tim, ils squattent un appartement vide en banlieue. Pour protéger Tim, Olivia lui fait croire qu’ils sont les personnages d’un film. Une dramédie lumineuse où tendresse, solidarité et débrouillardise offrent à cette famille confrontée à la pauvreté la plus belle des résiliences.

Olivia et le tremblement de terre invisible est une ode à la débrouille et à la résilience des enfants. C’est dans une situation désespérée qu’Olivia devient la maîtresse de son propre film – mensonge intelligemment inventé pour protéger son petit frère Tim. Alors que les angoisses surgissent – matérialisées par un tremblement de terre aux crevasses infinies dans lesquelles chute régulièrement Olivia -, la solidarité fait son apparition et transforme le cours du récit. Avec simplicité, Irene Iborra Rizo dresse un portrait de famille doux, convaincant et particulièrement touchant, grâce à ses belles marionnettes et à la magie du stop motion.
Contrechamp 1 : Les Contes du pommier de David Sukup, Patrik Pašš, Leon Vidmar, Jean-Claude Rozec
Trois enfants passent la nuit chez leur grand-père. Pour combler le silence laissé par le décès de leur grand-mère, la conteuse de la famille, ils commencent à créer leurs propres histoires et découvrent le pouvoir de l’imagination. Ce film réconfortant célèbre la créativité et sa magie curative.

Trois ingrédients et pas un de plus. Les contes sont pour tous et toutes, peu importe l’âge, c’est ce que nous dit ce beau film en stop motion venu tout droit de République Tchèque. Et qu’ils ont une fonction cathartique. L’animation est au service de l’histoire et les traits des personnages renforcent le sentiment d’inquiétude ou de tristesse suite à la mort de la grand-mère. C’était elle qui racontait les histoires. Le film aborde la perte d’un être proche par le biais des histoires et de l’imaginaire. La jeune héroïne raconte trois histoires, chacune à destination d’un membre de sa famille pour leur rappeler que l’imaginaire ne disparaît jamais et leur grand-mère non plus. Les Contes du pommier s’ouvre sur le visage des enfants poussés par leur grand-père. Tout semble aller tellement vite, le mouvement créant une unité. Et chaque parole prend vie dans ce beau long-métrage.
Manon Koken et Marine Moutot