Aujourd’hui, les films parlent de la recherche des origines familiales ou plus généralement du lien à l’autre. La famille tient une place importante, pas seulement par les liens du sang, mais celle qu’on se choisit, pour s’aider et se soutenir.
Work in Progress : Prends garde à toi de Sébastien Laudenbach

Un aperçu très prometteur du prochain long-métrage du réalisateur de La jeune fille sans mains et Linda veut du poulet. Prends garde à toi est la première adaptation animée de l’opéra Carmen, de Bizet. Le WIP s’est tenu en présence de Sébastien Laudenbach, d’Eléa Gobée-Mevellec et des deux compositeur.rice.s de la musique originale du film, Amine Bouhafa et Isabelle Laudenbach. Nous vous en parlerons bientôt plus en détail dans un article dédié.
Séance événement : Le Secret des mésanges, d’Antoine Lanciaux
Lorsque Lucie, 9 ans, arrive à Bectoile pour les vacances, elle n’a aucune idée des aventures qui l’attendent. Sa mère, Caro, mène des fouilles archéologiques dans la région avec son collègue Pierrot. La campagne de Bectoile, c’est aussi là où a grandi Caro, et le théâtre d’un secret de famille… que Lucie s’apprête à dévoiler ! Avec l’aide d’un couple de mésanges très spécial et de son nouvel ami Yann, Lucie est bien décidée à se plonger dans son histoire familiale. Des sous-sols d’un château en ruine à une vieille caravane oubliée à l’orée des bois, cette aventure les mènera de surprises insolites en fabuleuses découvertes !

Le nouveau film de Folimage est une merveille en papier découpé. Cette technique, compliquée, rend les décors et les personnages tout simplement superbes. 10 000 feuilles de papier Canson – société basée en Ardèche – et 200 personnes ont été nécessaires à la fabrication du Secret des mésanges. Mais ce beau long-métrage n’est pas qu’une histoire de technique. La jeune héroïne intrépide, Lucie, le gros chien, l’oie récalcitrante – Zerbinette – et Yann, jeune homme très tranquille partent à l’aventure. Sous forme d’enquête et de fouille archéologique, l’histoire nous plonge dans les origines de la famille de Lucie, qu’elle ne connaît pas. Château, forêt inquiétante, moulin brûlé et animaux en tout genre peuplent le récit. Drôle, ludique et avec des personnages attachants, le film manque peut-être un peu d’émotions pour vraiment être parfait.
Contrechamp 3 : Gwang-jang, de Bo-Sol Kim
Isak Borg est premier secrétaire de l’ambassade de Suède à Pyongyang, ce qui lui vaut d’être constamment surveillé. Borg sort secrètement avec Bok-joo, une agent de la circulation local. Sachant que leur temps est compté, ils chérissent leurs rencontres secrètes. Un jour, après qu’un homme à l’allure louche a visité leur cachette, Bok-joo disparaît soudainement. Bori cherche Bok-joo et se méfie de son interprète, Lee Myeong-jun.

Le film, assez classique dans le déroulement de son récit, ne surprend pas non plus par son animation. Le trait est fin et beau, même si parfois les scènes d’action sont assez illisibles. The Square – son titre international – se regarde avec plaisir, mais ne restera pas dans les mémoires. C’est pourtant dommage car l’histoire portait en elle des pistes intéressantes : cette idée de déracinement et vivre sous une dictature. Ne pas vivre dans son propre pays, ne pas avoir tous les codes mais resté-e malgré tout par amour. La grand-mère du héros est coréenne et a quitté son pays pour vivre en Suède. Le sujet est à peine abordé et déjà oublié. Tout comme l’aspect très particulier de la Corée du Nord – et qui est pourtant au centre de l’intrigue. Comment vivre une histoire d’amour interdite dans un pays qui vous surveille en permanence ? Comment les rouages se mettent en place pour piéger les habitant-es qui osent défier le pouvoir en place ? Les antagonistes sont à peine esquissés et leurs intentions peu connues ou floues. Ce qui rend cette grande machine qu’est le régime totalitaire quelque chose de vague et sans forme. Ce long-métrage d’animation coréen – ce qui est assez rare pour être noté – manque de tension et d’émotions.
Contrechamp 4 : Olivia & les Nuages de Tomás Pihardo Espaillat
Une exploration surréaliste des mystères de l’amour. On y suit les histoires d’Olivia, Ramón, Bárbara et Mauricio, qui se côtoient sans se comprendre.

Tout droit arrivé de République dominicaine à Annecy en compagnie de son réalisateur, Tomás Pihardo Espaillat, et de son compositeur, Cem Misirlioglu, Olivia & les Nuages est une œuvre visuellement très impressionnante, à l’univers sonore riche et fascinant. Malgré un mélange des techniques particulièrement beau et maîtrisé, ce petit bijou d’animation peine à nous transmettre le sens et l’émotion de son récit et se perd dans les méandres des relations. Cette œuvre collective devient alors rapidement difficile à appréhender et le spectateur finit par se perdre dans cet univers labyrinthique non sans fascination pour la beauté de certains plans.
L’officielle 6 : Housenka, de Baku Kinoshita
Automne 2023. Akutsu, un détenu âgé condamné à perpétuité, est sur le point de mourir seul dans sa cellule individuelle. Une fleur de housenka lui dit : « Quelle vie pourrie tu as eue. » Akutsu commence alors à repenser à son passé. Été 1986. Akutsu vit avec Nana et son fils Kensuke dans un appartement miteux, dont le jardin est rempli d’housenka. C’est l’histoire du retour triomphal d’un yakuza mourant, le temps d’une nuit, et celle de sa famille, racontée par une fleur qui pousse en prison.

Sous des abords simples et classiques, Housenka entame son périple vers une fin proche par un dialogue entre un yakuza et une fleur de housenka (balsamine des jardins, en français – une jolie fleur rouge aux longs pétales), juge moqueuse et implacable de son passé. Leur échange reconstitue avec intelligence les différents événements ayant pavé la vie du détenu et l’inéluctabilité de sa condamnation. Housenka se révèle rapidement être une œuvre fine et efficace qui fascine à mesure qu’elle nous en apprend plus sur le yakuza et son intrigante voisine. La force du récit est de nous présenter d’emblée le yakuza comme un personnage atypique et positif, à l’inverse de ses comparses mafieux qui multiplient les actions grotesques et colériques. Un renversement dans la narration amène un vent de fraîcheur sur le récit, finissant de lui donner tout son sens.
Manon Koken et Marine Moutot