[CINÉMA] Espace From the 21st Century

Image tirée du film Espace from the 21st Century

Temps de lecture : 5 min

Sorti presque anonymement par un petit distributeur, Charybde Distribution – qu’on espère voir grandir –, le long-métrage chinois Escape From the 21st Century est sans doute le film à découvrir en cette fin d’été et début de rentrée. Prolongez encore un peu vos vacances en voyageant dans le temps avec trois adolescents qui, en 1999, après avoir été exposés à des produits chimiques, découvrent qu’en éternuant, ils effectuent des sauts temporels. Ce qui semble au départ un jeu drôle et léger se transforme rapidement en une quête pour sauver le monde. Quoi de plus extravagant, déjà, que ce synopsis qui paraît tout droit sorti d’un nanar ? Pourtant, il n’en est rien : le cinéaste chinois Yang Li parvient à nous scotcher à nos fauteuils sans jamais tomber dans le grotesque !

Pourquoi voir ce film ? 

Visuellement fort… 
Des films un peu fous au synopsis déjanté, il en sort toujours quelques-uns par an, mais aucun n’a la force visuelle d’Escape From the 21st Century. Tout d’abord, il y a l’idée des produits chimiques dans lesquels tombent les jeunes adolescents multicolores, à la limite de l’art abstrait. Puis vient le passage entre le futur et le présent/passé : l’un est aussi vivant et aux couleurs chaudes (leur adolescence) que l’autre est froid et sombre (le futur). Sorti d’un film policier, ce futur est imprégné de pluie, effet visuel tragique par excellence. Tandis que l’adolescence est représentée par des séquences se déroulant surtout de jour, les adultes évoluent dans le monde obscur de la nuit, comme si leurs décisions étaient imprégnées de regrets, comme s’ils étaient arrivés au crépuscule de leur vie… et de celle du monde.

Les cascades et les séquences de combat font appel à notre imaginaire et n’hésitent pas à verser dans la surenchère pour que le film ne tombe jamais à plat. Inspiré à la fois par l’univers du jeu vidéo et celui du teen movie, le long-métrage navigue sans difficulté entre les deux. Les trouvailles visuelles extravagantes du film sont portées par des propositions fortes qui ne laisseront personne indifférent.

… délirant scénaristiquement
Délirant et loufoque, le film ne cherche jamais à égarer inutilement le spectateur. Il pousse son délire très loin, mais son propos reste limpide et les sauts temporels ne se transforment pas en nœud scénaristique indigeste. Pour son premier film en solitaire, le cinéaste chinois choisit de parler d’amitié, de ce que l’on est prêt à faire pour l’autre, malgré ses propres failles. Ces liens qui évoluent avec le temps, croisés aux voyages temporels, deviennent aussi une métaphore du passage à l’âge adulte et des conséquences de nos actes.

Le récit et les aventures des protagonistes sont constamment teintés d’humour, ce qui allège des thèmes parfois sombres. Entre mafia, amour déçu et trafic de personnes, ce ton décalé apporte une respiration bienvenue. En sortant de la salle, vous aurez la tête qui tourne, mais surtout l’envie de vivre à cent à l’heure, de croire en l’amitié et d’apprendre à vous battre comme Elane Zhong – journaliste intrépide.

En somme, Escape From the 21st Century est une étrangeté cinématographique : à la fois divertissante et réflexion sur la jeunesse, il rappelle que même dans le chaos de la vie, ce sont les liens humains qui nous sauvent.

Point d’histoire : La distribution en France

En France, chaque mercredi marque l’arrivée de nouveaux films en salles. Pour rendre cela possible, toute l’industrie cinématographique s’organise autour de plusieurs étapes, dont la distribution occupe une place centrale.

En amont, on trouve la production, qui englobe l’écriture du scénario, le financement et le tournage. Vient ensuite la distribution, qui peut intervenir dès la phase préparatoire (en achetant un film sur scénario) ou une fois le tournage achevé. Le distributeur acquiert alors les droits d’exploitation pour une durée limitée, généralement de plusieurs années. Son rôle se déploie sur deux axes :
– Le marketing : bandes-annonces, affiches, visuels promotionnels… L’objectif est de susciter l’envie du public avant la sortie.
– La relation avec les salles : convaincre les exploitants de programmer le film afin qu’il rencontre ses spectateurs.

Enfin, les salles de cinéma entrent en jeu : c’est ce qu’on appelle l’exploitation cinématographique. Les exploitants projettent les films en reversant environ 50 % des recettes au distributeur. On distingue les grands circuits (UGC, Pathé, Mégarama…), la moyenne exploitation et la petite exploitation, chacun proposant des approches différentes pour attirer le public et l’amener à découvrir les films.

Marine Moutot


Escape From the 21st Century
Réalisé par Yang Li
Avec Ruoyun Zhang, Elane Zhong, Yang Song
Science-fiction, Chine, 1h38
Charybde Distribution
Sortie le 27 août 2025

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