Chaque année, des grands classiques du cinéma ou des films plus méconnus (re)sortent en salle en France. Après notre top sur les films actuels qui nous ont marqué en 2024, voici notre top des ressorties à découvrir absolument.
Les ressorties de 2024
Napoléon d’Abel Gance, 1927
Il est difficile de parler de ce film en seulement quelques lignes, tant il propose une expérience hors du commun. Malgré sa durée (une première partie de 3h51 et une deuxième partie de 3h27), l’œuvre d’Abel Gance ne souffre d’aucune longueur. Tout, dans les choix de réalisation, est justifié et parfaitement mené.
Napoléon d’Abel Gance est un chef d’œuvre monumental, enchainant les séquences inoubliables jusqu’à ce final indescriptible : l’écran s’allonge et trois plans distincts mêlant vues réalistes et montages intelligents, apparaissent. L’audace et le talent du cinéaste semble alors sans limite.
Outre le travail de restauration titanesque (plus de quinze ans) il faut aussi souligner la réussite de la partition inédite, composée par Simon Cloquet-Lafayolle et enregistrée par les musiciens de l’orchestre de Radio France.
Le Napoléon d’Abel Gance (version 2024) est une aventure, une expérience unique à vivre – de préférence – en salle.
4 films noirs américains (Le Piège, André de Toth, 1948 / La Rue Rouge, Fritz Lang, 1945 / L’Évadée, Arthur Ripley, 1946 / L’Emprise, John Cromwell, 1934)
En 2024, les films du Camélia nous ont fait le plaisir de ressortir sur grand écran, un cycle de films noirs américains composé de La Rue Rouge de Fritz Lang, Le Piège d’André de Toth, L’Évadée d’Arthur Ripley et L’Emprise de John Cromwell.
Plutôt que de distribuer des classiques du genres (Laura de Preminger ou Assurance de la mort de Billy Wilder) le distributeur a misé sur des oeuvres plus méconnues mais tout aussi pertinnentes pour évoquer le genre du film noir, son évolution et ses différents aspects.
Mon coup de cœur parmi la sélection : L’Emprise (Of Human Bondage) qui offre une variation très intéressante en centrant son récit sur la manipulation et la domination. Le tout est servi par une jeune Bette Davis, absolument formidable !
Plein Soleil de René Clément, 1960
En août 2024, nous apprenions le décès de l’un des plus grands acteurs français : Alain Delon. Pour rendre hommage à son immense carrière,distributeurs et cinémas ont décidé de remettre à l’affiche plusieurs de ses films dont Plein Soleil, réalisé par René Clément en 1960. Outre des images magnifiques (signées Henri Decaë), le film offre à Alain Delon l’un de ses meilleurs rôles. Tom Ripley est un homme séduisant mais cynique, attirant mais dangereux. La versatilité du personnage montre tout le talent de l’acteur et on ne se lasse jamais de ce film de René Clément.
L’Ascension de Larissa Chepitko, 1977
Disparue prématurément, Larissa Chepitko, n’a réalisé au cours de sa carrière que cinq longs-métrages. Lors de la découverte de L’Ascension, on ne peut que regretter que l’artiste soviétique n’ait pas eu le temps de nous offrir davantage de trésors cinématographiques.
Le film nous entraîne dans les paysages enneigés de la Biélorussie, en pleine Seconde Guerre mondiale. En filmant l’errance de deux soldats, Larissa Chepitko montre la peur, les questionnements, la détresse. Elle questionne la notion de bien et de mal, le rapport de l’être humain à la mort et conclut son œuvre par une métaphore christique visuellement exceptionnelle.
Les Enchaînés, Alfred Hitchcock, 1946
Dans ce film noir du maitre du suspense, Ingrid Bergman et Cary Grant s’aiment et s’affrontent avec passion. Lui (Delvin) est un agent américain, elle (Alicia) la fille d’un espion nazi qui vient d’être arrêté. Il la recrute pour qu’elle puisse espionner un ancien dignitaire nazi qui tente de reformer un réseau au Brézil. Elle accepte parce qu’elle aime profondément Delvin qui n’est pas capable de lui donner son amour.
Histoire d’une emprise amoureuse, d’un homme qui sacrifie une femme, c’est également un grand film de tension. Le long-métrage comporte de nombreuses scènes cultes – dont le plus long baiser du cinéma, malgré et surtout grâce au code Hays.
Hitchcock offre à Ingrid Bergman, qu’il avait déjà dirigé l’année précédente dans La Maison du docteur Edwardes (Spellbound), le rôle d’une femme blessée par un homme qui ne la considère que comme un objet. Abandonnée, tant par sa famille dont elle ne croit pas les combats fascistes que par l’homme qu’elle aime, elle doit se battre pour sauver, à la fois, sa dignité et son pays d’adoption. Parfaite, incandescente, l’actrice suédoise montre une nouvelle fois toute l’étendue de son talent dans un film doit le noir et blanc magnifie son visage torturé.
Marius, Alexander Korda, 1931
Le distributeur Carlotta Films a sorti, durant l’été 2024, 10 films autour de l’œuvre de l’auteur marseillais, Marcel Pagnol. L’occasion de découvrir en version restaurée des longs-métrages précieux de notre patrimoine français.
Marius est le premier long-métrage de la trilogie marseillaise (suivi de Fanny en 1932 et César en 1936) qui met en scène le non moins célèbre Raimu (qui interprète César, le père de Marius). Plein de poésie, d’humour et de tragique, Marius suit le jeune homme éponyme qui rêve de partir loin de Marseille en bateau. Fanny l’aime, il l’aime aussi. Entre le mer et la jeune femme, son coeur et son corps balancent. L’histoire offre à la jeune Fanny l’un des plus beaux sacrifices du cinéma. Notre cœur se déchire devant tant d’abnégation. D’ailleurs de cœur, il en est également question pendant l’une des parties de cartes les plus célèbres. Avec l’accent marseillais, s’il vous plaît, Raimu nous “fend le coeur”.
Les Sept samouraïs, Akira Kurosawa, 1954
Pour les 70 ans de sa sortie en salle au Japon, l’un des films japonais les plus connus a été restauré.
Pensé comme un western, Les Sept samouraïs est une histoire fouillée autour des guerres civiles qui ravagent le Japon du XVIe siècle. Période que le cinéaste trouve fascinante car à ce moment-là, il était encore permis de devenir ce que l’on voulait, peu importe la condition sociale à la naissance. Nous y suivons sept samouraïs qui acceptent de défendre un village sans défense contre des pillards.
Le film est aussi épique que le tournage qui dura plus d’un an – alors qu’il ne devait durer que 71 jours. Cette fresque grandiose est à découvrir si possible sur grand écran. La salle de cinéma étant un moyen de voir et d’apprécier ce film fleuve de 3h26.
Les ressorties de 2025 que nous vous conseillons
2025 annonce encore de belles ressorties de grands classiques ou de films inconnus de maîtres du cinéma. Voici notre sélection pour la première partie de l’année. Vous pouvez retrouver toutes les ressorties prévues jusqu’en juillet, ici.
Julien Duvivier, les années 30
Si depuis quelques années, le nom de Julien Duvivier est de plus en plus souvent mis à l’honneur dans les cinémathèques avec La Belle Equipe (1936) ou Au Bonheur des Dames (1930), beaucoup de films de ce talentueux réalisateur français restent à découvrir ! Cette année, Les Acacias nous propose donc une rétrospective de 5 films de Julien Duvivier, réalisés dans les années 1930 : David Golder, son premier film parlant (1931), Les Cinq Gentlemen maudits (1931), Poil de carotte (1932), La Tête d’un homme (1933). Cette ressortie sera portée par Pépé le Moko avec Jean Gabin (1937) plus connu du public, mais toujours aussi agréable à visionner !
Rendez-vous dans les salles le 26 février !
Films noirs de la Columbia
Le mercredi 3 mars, les amateurs de films noirs américains auront le plaisir de pouvoir découvrir (ou re-découvrir) sur grand écran, quelques classiques du genre, tirés du catalogue de la Columbia, grâce à Park Circus. Au programme : Gilda de Charles Vidor (1946), dans une version restaurée sublime, le très bon Règlement de Compte de Fritz Lang (1953) et Le Violent de Nicholas Ray (1950), film particulièrement sombre et réussi et pourtant, peu connu.
Rétrospective Alfred Hitchcock « Aux origines du maître du suspens »
Les ressorties des films d’Alfred Hitchcock sont régulières mais cette année, Carlotta a décidé de s’intéresser aux premiers films du cinéaste anglais en proposant, dès le 02 avril, pas moins de 10 films réalisés entre 1927 et 1932 ! Parmi la sélection, quelques pépites de sa période muette comme Le Masque de cuir (1927) ou l’excellent Chantage (1929), qui sera également proposé dans sa version parlante. Des films parlants, réalisés en Angleterre viendront également compléter la sélection avec notamment À l’est de Shanghaï (1931) et Numéro 17 (1932).
Vous pouvez retrouver l’intégralité des films composant la rétrospectives sur le site de Carlotta.
De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, Paul Newman (22 janvier 2025)
Le distributeur de film, Splendor Film, vous propose de voir au cinéma le magnifique film de l’acteur Paul Newman au nom imprononçable – nous vous mettons au défi de réussir à vous souvenir du titre quand vous l’annoncerez à la caisse du cinéma. Le long métrage suit une femme d’une quarantaine d’année qui élève seule ces deux filles adolescentes. C’est Joanne Woodward qui campe le personnage avec conviction et ardeur. Femme du cinéaste, elle reçoit pour son interprétation le prix au Festival de Cannes 1973. Adapté de la pièce de Paul Zindel, Prix Pulitzer en 1971, le film a été restauré.
Le distributeur va également mettre en avant, la réalisatrice allemande, Margarethe von Trotta, dans le courant de l’année à l’occasion de la sortie de son nouveau film Ingeborg Bachmann.