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Léonard De Vinci rêve de pouvoir expérimenter et travailler au grand projet de sa vie : trouver où réside l’âme humaine. Pourtant il doit se battre contre le temps et les gouvernements sous lesquels il officie.
Coup de cœur du festival d’Annecy 2023 où il était présenté en compétition officielle, Léo est un bijou cinématographique d’animation. Humble, intelligent et drôle, ce film saura ravir les enfants et les adultes pour les émerveiller et les faire réfléchir.
En reprenant la figure légendaire de Léonard De Vinci, le film s’inspire d’éléments de sa vie pour créer un conte pour petits et grands. Époque lointaine (la Renaissance), de la vie du peintre, nous sont restées ses œuvres (La Joconde…) et ses travaux. Les relations avec les autres personnages du récit sont librement inspirées. Avec beaucoup d’humour, Léo expose comment les gens sont enfermés dans leur croyance. De son côté, Léonard est dépeint comme un vieux monsieur plein d’esprit et curieux de tout, mais surtout qui veut découvrir l’origine de l’âme et la raison de notre existence. En face de lui, il y a l’ignorance et l’obscurantisme des hommes de son époque qui se croient grands et forts : le Pape, le Roi François 1er… L’histoire parle aussi de la place des femmes, toujours dans l’ombre d’un homme. Ainsi l’ingénieur trouve le soutien de ses associés et assistants, mais également de Marguerite de Navarre — femme de lettre et sœur du roi François 1er. Instruite et curieuse, elle croit en Léonard et voit son ingéniosité ainsi que son ouverture d’esprit. Malheureusement elle est souvent rappelée à son rôle dans la société de la Renaissance — qui fut l’une des pires périodes en question de droits des femmes.
Pour réaliser ce magnifique film d’animation, deux cinéastes sont aux commandes. Sur toute la partie 2D et le scénario, c’est le réalisateur américain, Jim Capobianco — scénariste entre autres de Ratatouille, Le Bossu de Notre Dame et Le Roi Lion et dont il s’agit du premier film — qui s’y colle. Le français Pierre-Luc Granjon — réalisation de courts métrages pour Folimage — est sur la partie en stop motion. Les deux techniques se complètent et permettent une grande originalité dans le récit qui passe du monde réel à celui de la science. Avec fluidité, nous découvrons l’imaginaire de l’inventeur italien. Tomm Moore — réalisateur irlandais de Brendan et le Secret de Kells, Le Chant de la mer, Le Peuple Loup… — a également été consultant sur la partie en 2D. Son style très poétique se fait ressentir.
Le récit et l’animation ne pouvaient être qu’inventifs et drôles au vu des aventures que vit Leonard. Les cinéastes jouent sur les ordres de grandeur comme pour la marionnette du Pape, très grande — dû à son pouvoir, mais surtout à son ego démesuré – comparée à celle de Médicis toute petite – il fut mécène de Léonard De Vinci. Ou encore l’idée des ombres pour représenter les espions à la solde du pape qui épient l’architecte. Tout cela toujours avec de l’humour et de l’autodérision : quand Léonard montre des machines de guerre qu’il peut créer et que les machines se retournent contre celui qui les utilise… Plus que tout, Léo montre et reflète les pensées de tolérance, de partage et de transmission prônées par les personnages tout au long du récit.
Léonard De Vinci fait fantasmer, mais la petite marionnette et son interprète (Stephen Fry, excellent dans la version anglaise et André Dussollier en français) sont surtout des agents de la tolérance. Avec malice, il remet en question le monde autour de lui et nous invite à faire de même. Et surtout il rêve. Il n’oublie jamais de toujours désirer. Inventeur, architecte, peintre, sculpteur, urbaniste, philosophe, il fut avant tout un rêveur. Venez rêver avec lui dans cette fable joyeuse?!
Marine Moutot
Léo, la fabuleuse histoire de Léonard De Vinci
Réalisé par Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon
Animation, historique, Irlande, France, États-Unis, Luxembourg, 1h39
31 janvier 2024
KMBO