Temps de lecture : 3 minutes
Michael a dû suivre ses parents partis faire le tour du monde en voilier suite à un licenciement. Lors d’une tempête, il se retrouve projeté hors du bateau avec sa chienne, Stella. Ils échouent sur une île composée d’une grande falaise et d’un tout petit bout de plage. Après quelques jours, Michael découvre chaque matin un petit déjeuner qui l’attend.
Présenté en compétition Officielle au Festival d’Annecy en 2023, l’adaptation du roman éponyme de Michael Morpurgo, Le Royaume de Kensuké est d’une beauté visuelle. En racontant l’histoire d’un jeune garçon qui se retrouve sur une île sauvage, le film aborde la question de la biodiversité et de la place de l’être humain dans ce que nous appelons «?la Nature?».
Après une brève première partie, où nous découvrons Michael, un jeune anglais qui subit le voyage que ses parents ont entrepris après la perte de leur emploi, le film change de ton. Le garçon se confronte à une autre réalité. Malgré la dureté du voyage en voilier, le manque de reconnaissance de la part de son père et l’étroitesse du bateau, l’île n’est pas plus accueillante. Le pan de sable où il échoue avec sa chienne, Stella, est limé par le soleil et l’océan monte et descend ne lui laissant pas de place. Il découvre alors l’inhumanité de sa situation, mais aussi une profonde humanité. Il fait la connaissance de Kensuké, un vieil homme japonais, qui lui fait découvrir la beauté de l’île, ses mystères et ses habitants. Même s’ils ne parlent pas la même langue, ils communiquent avec sensibilité et intelligence. Le cinéma n’a pas besoin de mot pour faire passer toute la tendresse de la relation qui s’installe entre eux. Le film laisse plus la place aux bruits de la jungle environnante qu’aux dialogues. Et si Michael peut sembler insupportable avec toutes ses questions, toutes ses actions irrespectueuses, il nous met surtout face à nos contradictions et à notre non-respect quotidien du monde qui nous entoure.
Impossible de ne pas penser à Robinson Crusoé et son aventure sur une île où les seuls rares habitants sont des cannibales venus manger leurs proies. Pourtant contrairement au récit d’origine et autres robinsonnades cinématographiques, ici l’être humain n’essaye pas d’apprivoiser son environnement en plantant du blé ou en voulant des serviteurs, mais en cohabitant avec ce qui l’entoure. Kensuké a fait une cabane discrète en parfait alignement avec l’arbre qui l’abrite, il mange les fruits qu’il trouve sur l’île, se rapproche des orangs-outans, dessine… Il ne s’impose plus en conquérant, mais en observateur. Il n’essaye pas de modifier l’île qui peut paraître inhabitable aux premiers abords. Ainsi la nature peut parfois sembler cruelle, mais en apprenant les différentes choses qui la composent, elle peut devenir plus agréable. Et ce ne sont plus les cannibales d’un autre temps qui inondent régulièrement l’île de leur violence, mais des braconniers, sans cœur ni âme, qui séparent, tuent et kidnappent des êtres vivants.
Le Royaume de Kensuké est une balade philosophique, visuelle et poétique d’un monde que l’on voudrait inventer et qu’il faut aujourd’hui protéger plus que tout.
Marine Moutot
Le Royaume de Kensuké
Réalisé par Neil Boyle et Kirk Hendry
Drame, Angleterre, 1h24
7 février 2024
Le Pacte
Dès 7 ans