[CINÉMA] Partir un jour

photo tirée du film Partir un jour

Temps de lecture : 5 minutes

Film d’ouverture du Festival de Cannes, Partir un jour est le premier long-métrage joyeux et réjouissant d’Amélie Bonnin. Nous y suivons Cécile, à quelques jours de l’ouverture de son restaurant gastronomique, qui doit rentrer chez elle, suite à l’infarctus de son père. Elle se retrouve confrontée à son passé, sa relation conflictuelle avec son père – restaurateur d’un relais routier – et les doutes face à sa propre vie.

Une comédie légère et décontractée

Son court-métrage, Partir un jour, avait remporté de nombreux prix, dont le César du meilleur court-métrage en 2021. Nous y suivons Julien (Bastien Bouillon) qui avait quitté sa ville natale pour devenir écrivain à la capitale. Des années plus tard, alors qu’il retourne chez lui, il croise par hasard Caroline (Juliette Armanet), son amour de jeunesse. Le pitch semble similaire, mais pourtant, le décor change. Cette fois-ci, c’est Cécile (Juliette Armanet) qui rentre chez elle après de nombreuses années d’absence qui recroise par hasard Raphaël (Bastien Bouillon), son crush d’enfance. La même alchimie entre les deux comédien-nes est présente entre le court et le long. La dynamique change, mais pas le bonheur de les retrouver eux. On retrouve la même fraîcheur, le même désir, la même envie de raconter une histoire pour la réalisatrice. Elle nous parle de ses propres questionnements : le retour aux origines à travers cette comédie musicale enlevée. La cinéaste parvient à rendre drôles et touchants les problèmes de transfuge quarantenaire, mais aussi de ceux qui restent et qui entrent “dans le moule”.

Une BO qui vous fera rêver et rire

Amélie Bonnin fait le choix très rapidement de nous plonger dans l’intimité des personnages et leur questionnement à travers des musiques. Mais pas n’importe lesquelles. Celles qui ont bercé son enfance, qui font partie de la culture française : de Stromae à Dalida, en passant par Francis Cabrel, Céline Dion et K.Maro. Le titre du film vient même d’une célèbre chanson des 2be3. Ce film générationnel montre des adultes revivre leur émotion d’adolescent-e et cela est rafraîchissant. Les acteurs et actrices chantent eux-mêmes les chansons qui ont subi des arrangements pour parler de l’état d’âme de leurs personnages. Leur voix, leur manière de chanter n’est pas la même et cela rend encore plus vibrantes leurs émotions. Juliette Armanet, qui tient ici son premier grand rôle, chante évidemment à la perfection, mais Bastien Bouillon, Dominique Blanc, François Rollin ou encore Tewfik Jallab pas forcément. Et cela ne pose aucun problème, cela donne une épaisseur à leur jeu. Et c’est drôle. Les chansons viennent accompagner le récit. Les paroles prennent alors un sens différent. Pour la réalisatrice, la musique “… constitue un socle commun, voire un lien entre les gens d’une génération. Même quand ils sont très différents, ils partagent au moins une chanson. C’est aussi pour cela que j’ai voulu faire un film avec des chansons du répertoire, parce qu’elles font appel à un patrimoine commun. Et puis les chansons populaires véhiculent des souvenirs.”

Sous ses airs de comédie, des sujets contemporains et importants

Tomber enceinte à 40 ans, comme c’est le cas pour Cécile, ça n’est pas la même chose qu’à 30. D’une certaine façon, cela dramatise tout. Idem sur le plan professionnel : a priori, c’est un âge où l’on peut avoir une assise plus grande, plus stable qu’à 30 ans. Mais si l’on se met à douter, il y a alors beaucoup plus de choses en jeu… Et puis physiquement, je trouve ça beau d’avoir 40 ans ! J’avais envie de filmer une femme de cet âge car c’est un âge émouvant. On est sorti de la jeunesse et, en même temps, on a encore tellement de choses à régler !” La réalisatrice, qui est également la directrice artistique de la revue féministe, La Déferlante, pose les bonnes questions et les montre d’une belle manière. Ces questionnements sont ceux d’une génération qui a l’impression que tout va trop vite, et qui ne fait jamais de pause. Remise en question de soi, du couple, de sa vie, questionnement sur les origines, la honte le rapport aux parents, tous ces sujets prennent un sens dans ce film pourtant si léger. La cinéaste montre également une forme de soutien entre les femmes, elles ne sont pas mises en concurrence, elles s’entraident malgré les différences. Et cela, aussi est beau. Les hommes, eux, sont montés dans la confrontation, dans un besoin de prouver leur ego. “Là c’était l’occasion d’évoquer cette génération d’hommes à qui l’on n’a pas appris à communiquer, donc de ces relations pères/filles un peu compliquées, coincées, blessées, même s’il y a beaucoup d’amour entre eux.”

Amélie Bonin met les images et les mots sur des sentiments et des ressentis intimes. 

Un point d’histoire : la chanson française

Pas de cours d’histoire cette fois, juste la liste des musiques qui parcourent le film, si l’envie vous prend de les réécouter !
Alors on danse, Stromae 
Mourir sur scène, Dalida 
Le Loir & Cher, Michel Delpech
Pour que tu m’aimes encore, Céline Dion 
Sensualité, Axelle Red 
Je l’aime à mourir, Francis Cabrel 
Paroles, paroles, Dalida & Alain Delon 
Je suis de celles, Bénabar 
Ces soirées-là, Yannick
Cécile ma fille, Claude Nougaro 
Femme Like U, K.Maro
Partir un jour, 2Be3

Découvrir le court métrage de la réalisatrice, Partir un jour (2021) avec le même duo d’acteur-trices du long-métrage
Source : Les citations de la cinéaste sont tirés du dossier de presse du film, Partir un jour

Marine Moutot

Partir d’un jour
Réalisé par Amélie Bonnin
Avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin
Comédie dramatique, France, 1h38
14 mai 2025
Pathé Films

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